Lundi 14 avril 2025, Katy Perry a quitté la Terre pour onze minutes de vide intersidéral mettant en avant l’indécence de ce tourisme spatial. Une escapade orchestrée par la société Blue Origin, entreprise du milliardaire Jeff Bezos.
Pour une poignée de secondes en apesanteur, la chanteuse a généré près d’une quinzaine de tonnes de CO₂. Soit l’équivalent de sept à huit ans d’émissions pour un être humain moyen. Ce geste, à la fois absurde et indécent, illustre parfaitement la déconnexion des ultra-riches face à l’urgence climatique.
Un privilège obscène
Franchement, il ne faut pas être contre le progrès. Des innovations comme les IA génératives ou autres Intelligences Artificielles méritent tout notre intérêt même si des limites doivent être posées. Mais là, on frôle le ridicule et l’inacceptable ! Le tourisme spatial ne sert ni la science, ni l’humanité. Il satisfait des caprices et des égos. Un aller-retour dans l’espace inutile devient un acte héroïque parce qu’il coûte cher, à l’image de certaines « vedettes » des réseaux sociaux qui postent des « exploits inutiles ». Pendant ce temps, des millions de personnes doivent choisir entre chauffage et nourriture. L’exploration spatiale, jadis noble, devient aujourd’hui un passe-temps de milliardaires en mal de frisson.
Chaque vol génère des dizaines de tonnes de CO₂. Aucun vol touristique ne justifie ce fardeau. Katy Perry, en onze minutes, a explosé son budget carbone annuel. Et ce, en pleine crise climatique. Pendant qu’on nous incite à manger moins de viande ou à éteindre nos lumières, des célébrités jouent à Star Wars en polluant comme jamais. L’équipage était 100 % féminin. Beau symbole ? Peut-être. Pour autant, la femme n’en ressort pas grandie. Le fond reste cynique. Le marketing écologique et social ne saurait camoufler la vacuité du geste.
Un double discours permanent
Jeff Bezos promet de sauver la planète avec un fonds climatique de 10 milliards. Mais avec ce genre de pratiques publicitaires, il alimente lui-même la crise avec ses jets privés et ses fusées. « Il » pollue plus que des milliers de familles réunies, tout en prônant l’écologie. Une hypocrisie devenue la norme chez les puissants. À l’heure où chaque tonne de CO₂ compte, ces folies deviennent limite criminelles. On banalise l’inutile. Avec ce vol débile, ces femmes ont décrédibilisé tous les discours en lien avec l’écologie.
Mais quel message peut-on retenir, sinon celui de l’indifférence la plus totale à l’urgence climatique ? Ce genre d’événement ne célèbre pas les femmes. Il célèbre l’argent et l’arrogance. En même temps, rien de surprenant quand on sait que le célèbre PDG crée le Bezos Earth Fund pour sauver la planète. De l’autre, il multiplie les vols en jet privé et envoie des fusées pour le plaisir. Son Gulfstream G650 génère chaque année plusieurs centaines de tonnes de CO₂. C’est le bilan carbone de plusieurs dizaines d’êtres humains des pays développées. Ce sont plusieurs centaines d’années d’habitants des pays sous-developpés !
Un sursaut des réseaux
Je défends rarement les réseaux sociaux qui sont bien trop souvent un ramassis de débilités et de propos choquants. Pourtant, j’ai été ravi de constater que les réseaux sociaux ont célébré, à leur façon, l’indécence de ce vol. Le tumulte en ligne à la suite du vol prouve une prise de conscience salutaire face à l’indécence de certains privilèges. L’ensemble des participants, dans leur grande majorité, a mis en avant que ce genre d’action n’est pas du progrès mais du gaspillage inutile. Que ces voix s’élèvent est un signe encourageant : la société civile n’est pas dupe, et elle réclamera bientôt des comptes. De plus en plus de citoyens comprennent qu’on ne peut plus tolérer ces gestes absurdes, où la technologie sert l’ego de quelques starlettes en manque de notoriété. Et ceci au détriment du climat, de l’éthique et du bon sens.
En définitive, ce vol n’a rien d’un exploit. C’est le miroir d’un monde fracturé où certains s’arrogent le droit de tout, pendant que d’autres comptent les kilowattheures et non le droit à rien. Un monde où l’image prévaut sur l’impact, où l’on maquille l’arrogance en audace. Il ne s’agit pas ici de freiner le progrès ou de rejeter les avancées technologiques, mais de les remettre au service de l’intérêt commun … et de retrouver un peu de bon sens.