Un rapport demandé en 2024 par le Premier Ministre de l’époque propose d’encadrer, de limiter la publicité sur les produits polluants (pesticides, SUV …) et de défendre ainsi une certaine priorité donnée à l’écologie.
Sur le papier, ça semble audacieux et c’est dans tous les cas une volonté d’agir. Sauf qu’en parallèle, le gouvernement fait tout l’inverse : il sabre les budgets verts, flingue la planification écologique, réhabilite des pesticides bannis, et tape sur les aides à la voiture électrique. Drôle de cohérence.
Publicité verte, politique anti-écolo
Ce rapport qui reste pour le moment dans les tiroirs a été révélé par l’excellent média L’informé dont les sources sont très souvent intéressantes et fiables. Les inspecteurs des finances, de la culture et du développement durable ont bossé dur. Résultat : 13 propositions pour réguler les pubs écolophobes. Moins de SUV en tête d’affiche, stop aux influenceurs qui vantent les low-cost polluants, renforcement du Nutri-Score, et une taxation renforcée pour les plateformes.
Parfait, non ? En tout cas sur le papier. Mais pendant ce temps, le même gouvernement et les parlementaires :
- réautorise des pesticides tueurs d’abeilles.
- réduit les bonus écologiques pour les véhicules propres.
- fait disparaître des pans entiers de la planification écologique.
- allège ou supprime les ZFE.
- tente de contourner la justice pour valider des projets écocides.
- coupe dans le budget de la transition verte.
En réalité, c’est comme faire un discours anti-malbouffe avec un Big Mac dans la main. Sérieusement, de qui se moque-t-on ? Alors oui, on va me dire que la donne a changé, que le Premier Ministre n’est plus le même. C’est vrai et pourtant, agir pour notre bien et la planète nécessite des projets à long terme, une vision, un nouveau sens que l’on veut donner au monde.
Ce rapport commandé par Matignon en 2024 fait alors penser à une jolie opération cosmétique. Un écran vert, pour masquer un fond beaucoup plus brunâtre, même un peu sale pour tout dire. Une belle façade pendant que les fondations s’écroulent. On veut moins de pubs pour les barres chocolatées trop sucrées ? Très bien. Mais pourquoi subventionner les industriels qui en produisent à la chaîne ? Pourquoi reculer dès que les lobbies éternuent ? Et surtout, pourquoi garder ce rapport confidentiel pendant des mois ? Peur qu’on se rende une fois de plus compte que le politique n’a aucune vision et se fout de l’écologie ?
L’écologie en marche arrière
Le gouvernement adore les symboles. Il les brandit comme des trophées. Mais quand il s’agit d’actions concrètes, il freine des quatre fers.
D’ailleurs, ce rapport ministériel ne fait que reprendre, cinq ans plus tard, ce que la Convention citoyenne pour le climat avait déjà proposé. Interdire la pub pour les produits les plus polluants, notamment les SUV et les vols courts. Encadrer la communication des grandes marques. Supprimer les pubs qui poussent à la surconsommation. Et même créer un « contrôle indépendant » du secteur publicitaire.
Ces propositions citoyennes avaient été balayées d’un revers de main à l’époque. Trop radicales, disait la République. Et aujourd’hui, elles reviennent en catimini dans un rapport que personne ne semble avoir le droit de lire.
Oui, réguler la publicité sur les pesticides, SUV, vols aériens etc… est nécessaire afin de clarifier les messages mis en avant dans tous les domaines de l’écologie. Ce rapport pose des bases utiles. Mais à quoi bon encadrer l’image si on détruit la réalité et qu’on agit quelques mois après en sens inverse ? L’écologie ne se gagnera pas à coups de communiqués. Ni avec des coups de communication. Elle se gagne avec des convictions appuyées sur des certitudes scientifiques et un certain sens de l’équité. Elle demande aussi et surtout du courage politique.