Les ONG ayant participé au sommet SOS Océan qui s’est tenu à Paris les 30 et 31 mars 2024 réclament notamment la fin du chalutage (et principalement dans les Aires Marines Protégées).
SOS Océan est un événement international réunissant des leaders d’opinion, des décideurs politiques, des scientifiques et des défenseurs de l’océan. Son objectif est alors de mobiliser la communauté internationale pour un plan d’action ambitieux en réponse aux défis critiques menaçant les océans.
Contexte et objectifs
L’océan est donc bien en danger. Plusieurs facteurs explique alors cette mise en danger :
- la surexploitation des ressources marines
- la pollution (plastique, produits chimiques, etc.)
- le dérèglement climatique (élévation du niveau de la mer, événements climatiques extrêmes)
- la perte de biodiversité.
Face à cette situation alarmante, SOS Océan vise à atteindre plusieus objectifs :
- accélérer la restauration des écosystèmes marins
- atteindre l’objectif de 30 % d’aires marines protégées d’ici 2030
- développer une économie bleue durable et décarbonée
- assurer un avenir résilient pour la planète
Cette rencontre prépare la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3). Celle-ci aura lieu en juin 2025 à Nice, en France. Cet événement de l’ONU sera une étape clé pour la protection et la gestion durable des océans à l’échelle mondiale.
L’objectif est d’impulser des engagements concrets et contraignants. Les conclusions de SOS Océan influenceront directement les décisions de l’UNOC-3. Ce sommet représente donc un appel urgent à action avant un rendez-vous crucial pour l’avenir de notre planète bleue.
Politiques, scientifiques et ONG débattent ici des menaces qui pèsent sur les écosystèmes marins. Parmi les sujets brûlants : le chalutage de fond, une technique de pêche destructrice qui reste autorisée dans de nombreuses aires marines protégées. Aussi, les ONG exigent son interdiction immédiate.
Le chalutage : une menace pour les fonds marins
Le chalutage de fond consiste en effet à faire traîner d’énormes filets lestés sur le plancher océanique. Cette pratique détruit les écosystèmes marins. Elle écrase alors coraux, éponges et gorgones, qui servent d’abris et de nurseries à de nombreuses espèces. Chaque année, près de 700 000 km2 d’océans subissent ces dommages, soit l’équivalent de la surface de la France, de la Suisse et de la Belgique réunies.
Les conséquences sont alarmantes. Le déclin des ressources halieutiques met en péril l’avenir de la pêche elle-même. A force de pêcher avec des chaluts de fond, on détruit la ressource même de cette pêche.
Les aires marines protégées
Les aires marines protégées (AMP) sont des zones marines et côtières. Elles sont désignées et gérées afin de préserver leur biodiversité, leurs habitats, leurs écosystèmes et leurs ressources naturelles. Elles sont ainsi créées pour protéger des espèces menacées, restaurer des habitats dégradés. Ces AMP améliorent la qualité de l’eau et soutenir des activités économiques durables telles que la pêche, le tourisme et la recherche scientifique.
Il existe différents types d’aires marines protégées, allant des réserves intégrales, où toute activité humaine est interdite, aux zones de gestion où certaines activités sont réglementées ou contrôlées.
Au niveau international, plusieurs textes de loi ont été adoptés pour encourager la création et la gestion des AMP. Le plus important d’entre eux est la Convention sur la diversité biologique, adoptée en 1992. Cette convention appelle les pays à établir des réseaux d’aires protégées pour préserver la biodiversité marine. On pourra en citer d’autres comme la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage. Ou encore la Convention de Ramsar sur les zones humides et la Convention OSPAR pour la protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est qui contribuent également à la promotion des AMP.
À l’échelle nationale, de nombreux pays ont adopté des lois et réglementations pour établir et gérer ces aires protégées. En France, par exemple, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016 a renforcé la protection des AMP existantes et a encouragé la création de nouvelles AMP, avec pour objectif de protéger 10 % des eaux territoriales françaises d’ici 2020.
La stratégie nationale des aires protégées vise désormais à couvrir au moins 30 % du territoire national, terrestre et maritime, d’ici 2030, dont 10 % sous une protection forte.
En février 2022, il a donc été constaté que 33 % des eaux françaises étaient couvertes par au moins une aire marine protégée, dépassant ainsi l’objectif initial de 30 % fixé pour les espaces maritimes et terrestres français.
Ce document a été mis à jour en février 2023. De beaux objectifs, certes. Si la France fait partie des pays ayant développé un grand nombre d’aires marines protégées, encore faut-il que ces engagements ne restent pas de simples déclarations d’intention.
La France résiste
L’Union européenne a déjà interdit le chalutage de fond dans certaines zones profondes de l’Atlantique. Son objectif est alors de l’étendre à toutes les AMP d’ici 2030. Cette mesure pourrait affecter plusieurs milliers de navires, mais elle reste essentielle pour la survie des écosystèmes marins. Malgré ces engagements, la France résiste. Bien qu’elle possède la plus grande zone économique exclusive au monde, elle refuse de suivre la directive européenne. Le gouvernement préconise une protection « au cas par cas », une position jugée insuffisante par les associations environnementales.
Des alternatives pour une pêche durable
Les ONG et les scientifiques rappellent donc qu’il est possible de pêcher autrement. Les arts dormants, contrairement aux arts traînants, préservent les habitats marins tout en permettant une exploitation durable des ressources. Rappelons que les arts dormants désignent des engins de pêche fixes ou à la dérive, dans lesquels les poissons se prennent au piège. Ils peuvent donc être posés sur le fond, ancrés à la côte ou flottant au gré des courants. Parmi les plus courants, on retrouve le filet droit, le casier et les lignes munies d’hameçons, utilisés pour capturer une grande variété d’espèces.
A l’opposé, les arts traînants, quant à eux, sont des engins actifs servant à capturer le poisson en mouvement. Tractés par un bateau, comme les dragues, les chaluts ou les lignes, ou encore utilisés pour encercler les bancs de poissons, comme les sennes, ils permettent une pêche plus dynamique et ciblée.
Les décisions prises lors du sommet SOS Océan auront un impact décisif sur l’avenir des mers, on peut l’espérer. L’interdiction du chalutage dans les AMP est une nécessité pour préserver la biodiversité et garantir un avenir aux pêcheurs. La France doit choisir entre la préservation à long terme de ses océans et le maintien d’une pratique destructrice à court terme.