Le 26 mars, la commission spéciale de l’Assemblée nationale a voté la suppression des Zones à Faibles Émissions ou ZFE. Cette mesure, adoptée contre l’avis du gouvernement, se pose comme une réponse aux inquiétudes de certains automobilistes.
De nombreux députés ont dénoncé l’impact des ZFE sur les ménages modestes, contraints de choisir entre des coûts élevés pour un véhicule propre ou la limitation de leur mobilité. Depuis leur instauration en 2019 et leur extension en 2021, les ZFE visent à améliorer la qualité de l’air en interdisant les véhicules les plus polluants. Les études montrent pourtant une réduction significative des émissions de dioxyde d’azote dans les villes où elles sont appliquées, comme Lyon et Paris. Malgré ces résultats positifs, les députés ont préféré céder à la pression électorale.
Un manque de solutions alternatives
L’opposition aux ZFE repose sur des arguments sociaux et économiques. Beaucoup estiment que ces restrictions pénalisent injustement les ménages les plus précaires. Les aides à l’achat de véhicules électriques restent insuffisantes et les transports en commun ne constituent pas toujours une alternative viable, notamment en zone périurbaine.
Environ 30 % des véhicules en circulation sont classés Crit’Air 3 à 5. Les automobilistes concernés doivent alors se tourner vers des véhicules plus vertueux : hybrides rechargeables ou 100 % électriques. Pour faciliter cette transition, des aides financières existent pour l’achat d’un véhicule propre ou la mise au rebut d’un ancien modèle. Le site jechangemavoiture.gouv.fr permet de calculer les aides disponibles selon sa situation.
Des élus de gauche et écologistes reconnaissent les limites de la mise en place des ZFE, notamment l’absence d’infrastructures suffisantes pour offrir des solutions adaptées aux citoyens. Plutôt que de supprimer ces zones, une amélioration des politiques de transition écologique aurait été préférable. L’abandon des ZFE ne résout pourtant en rien la question de la pollution et repousse une réforme nécessaire pour l’environnement et la santé publique.
Un combat médiatique
L’écrivain Alexandre Jardin s’est engagé contre les ZFE, dénonçant leur impact social et territorial. Il critique une mesure qu’il juge inapplicable et injuste pour les populations rurales et les classes populaires, souvent contraintes d’utiliser des véhicules anciens. Selon lui, l’État n’a pas mis en place d’accompagnement suffisant pour assurer une transition juste et réaliste vers des mobilités moins polluantes.
Il alerte également sur les conséquences économiques des ZFE, notamment pour les artisans et commerçants qui dépendent de leur véhicule pour travailler. En défendant cette cause, il donne une voix aux oubliés des politiques environnementales, appelant à des solutions plus adaptées aux réalités du terrain.
Un vote électoraliste
Ce vote illustre un choix politique dicté par des considérations électoralistes plus que par une véritable réflexion sur l’avenir des mobilités et de l’écologie. Les arguments avancés, bien que légitimes, ne tiennent pas compte des bénéfices constatés dans les grandes métropoles européennes où ces zones ont été instaurées avec succès.
La suppression des ZFE ne résout pas les inégalités territoriales et sociales, elle les déplace. Les citoyens resteront confrontés à une pollution qui engendre chaque année des dizaines de milliers de décès. Une politique publique cohérente aurait exigé un meilleur accompagnement des automobilistes et un investissement massif dans les transports alternatifs. Ce vote prouve encore une fois le manque de vision à long terme de certains élus, au détriment de l’environnement et de la santé publique.