Plusieurs députés de divers groupes politiques ont déposé une proposition de loi demandant un moratoire de dix ans sur les fermes usines à saumons en France.
Cette initiative vise à alerter sur les conséquences écologiques et économiques de ces installations.
Le saumon en France
Dans l’introduction de la proposition de loi, les députés rappellent quelques chiffres. La France compte parmi les plus grands consommateurs de saumon au monde. En 2021, les Français ont consommé près de 270 000 tonnes. Cependant, la production nationale reste faible avec seulement 3 000 tonnes par an. Les eaux françaises sont trop chaudes pour permettre la croissance des saumons toute l’année. Ainsi, la quasi-totalité du saumon consommé en France provient de l’étranger. Environ 43 % des importations viennent de Norvège, où les eaux plus froides favorisent l’élevage. Avec plus de 200 000 tonnes importées en 2022, la France se classe deuxième importateur mondial.
La Norvège, premier exportateur mondial, connaît une forte hausse de ses ventes. En 2023, elles ont augmenté de 12 % par rapport à 2022. Face à cette demande croissante, le pays envisage de tripler sa production annuelle d’ici 2050.
Des projets jugés trop ambitieux
Deux grands projets industriels inquiètent les élus : Pure Salmon en Gironde et Local Ocean dans le Pas-de-Calais. Ces fermes prévoient une production de 10 000 tonnes de saumon par an, soit cinq fois plus que la moyenne mondiale pour ce type d’installation. Il s’agit de projets « démesurés » qui pourraient avoir un impact environnemental majeur.
Des risques environnementaux importants
Les fermes-usines fonctionnent en « circuit fermé » avec une technologie de recirculation de l’eau. Cependant, les députés alertent sur les rejets massifs d’azote, de phosphore et d’eau chaude dans le milieu naturel. On peut craindre une pollution similaire à celle qui a affecté l’ostériculture, rendant certaines huîtres impropres à la consommation.
Les députés redoutent aussi des conséquences sur la pêche et l’aquaculture traditionnelles. Ces projets pourraient nuire aux producteurs locaux et remettre en cause la qualité des produits de la mer consommés en France. Le pays importe déjà massivement du saumon, avec près de 2 milliardq d’euros d’importations en 2022.
Le texte, soutenu par des députés de LFI, LR, EPR, Modem, socialistes et écologistes, pourrait être examiné lors d’une session parlementaire transpartisane.
Au-delà de la question environnementale, ce moratoire pose la question du modèle alimentaire français. Nous devons nous questionner sur le type de produits de la mer consommés et sur les conséquences de leur production. Le débat autour des fermes-usines à saumon ne fait certainement que commencer.