Le tribunal administratif de Rennes sanctionne l’État pour son inaction dans la lutte contre les algues vertes qui envahissent le littoral breton.
Cette condamnation fait suite aux recours déposés en 2022 par l’association Eau et Rivières de Bretagne, dénonçant l’inefficacité des mesures mises en place. L’État doit agir dans un délai de dix mois pour réparer les dégâts écologiques causés par la pollution aux nitrates de l’eau. Le préfet de la région Bretagne devra aussi mettre en place des outils de contrôle pour garantir l’efficacité des actions engagées.
Une lutte ancienne
Depuis les années 70, les plages bretonnes subissent des échouages massifs d’algues vertes. En se décomposant, ces algues dégagent du sulfure d’hydrogène, un gaz toxique pouvant être mortel à forte concentration. Cette pollution est liée en grande partie aux nitrates d’origine agricole, issus de l’intensification des pratiques agricoles dans la région.
L’association Eau et Rivières de Bretagne demandait des actions concrètes et réclamait une astreinte financière d’un million d’euros par mois de retard. Le tribunal a rejeté cette demande, mais il a reconnu les carences de l’État dans la gestion de la pollution azotée. Il a aussi condamné l’État à verser 5 000 euros à l’association pour préjudice moral.
Une crise persistante
Malgré plusieurs plans d’action, la prolifération des algues vertes continue. On estime que 90 % des nitrates responsables proviennent de l’agriculture. Les politiques publiques mises en place depuis 2010 ont pour le moment montré une réelle inefficacité. Début mars, un sanglier a été retrouvé mort près de Saint-Brieuc. Une analyse a confirmé que l’animal avait inhalé du sulfure d’hydrogène issu de la putréfaction des algues vertes. Ce drame rappelle les nombreux cas similaires survenus ces dernières années.
L’association Eau et Rivières de Bretagne a évidemment salué une avancée importante. Elle estime toutefois que le combat n’est pas fini et que, sans un changement profond des pratiques agricoles, les plages bretonnes continueront de subir les marées vertes. Cette condamnation de l’État pourrait cependant marquer un tournant dans la lutte contre la pollution aux nitrates. On peut l’espérer.