Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui dérèglent le système hormonal et la santé d’une manière générale. Présents partout, ils contaminent l’air, l’eau, les sols et les objets du quotidien.
Leur impact sur la santé humaine reste encore mal connu, mais les études montrent des effets préoccupants sur la santé humaine et donc animale d’une manière générale.
Perturbateur endocrinien ?
L’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS définit un perturbateur endocrinien comme une substance ou un mélange qui modifie le fonctionnement du système hormonal. Cette altération a des effets néfastes sur l’organisme, sa descendance ou certaines populations vulnérables. Ces substances peuvent être d’origine naturelle ou synthétique.
l’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’environnement ont recensé près de 800 substances. L’Anses, en France, les classe en trois catégories :
- Avérés : leur dangerosité est prouvée.
- Présumés : des indices forts existent.
- Suspectés : des études sont en cours.
On distingue aussi deux grands groupes de perturbateurs endocriniens :
- les produits de synthèse imitant les hormones, couramment utilisés en thérapeutique. On citera notamment la contraception, la substitution hormonale ou l’hormonothérapie.
- Les substances chimiques interférant avec le système endocrinien humain ou animal.
Ce dernier groupe comprend plus d’un millier de composés, parmi lesquels :
- certains phtalates : présents dans les adhésifs, huiles lubrifiantes, détergents, solvants, produits pharmaceutiques, fils et câbles électriques, ainsi que dans des produits cosmétiques.
- certains parabènes : employés comme conservateurs dans plus de 80 % des cosmétiques, dans certains médicaments et comme additifs alimentaires, grâce à leurs propriétés antibactériennes et antifongiques.
- le bisphénol A : utilisé dans la fabrication de plastiques (polycarbonate), de résines époxy et d’autres polymères. Depuis 2015, son usage est interdit dans les conditionnements en contact direct avec des denrées alimentaires, une mesure initiée par la France à l’échelle européenne.
- les composés perfluorés : très persistants dans l’environnement, ils sont présents dans les textiles antitaches et imperméabilisants, les emballages alimentaires en papier et carton…
- les composés polybromés (retardateurs de flamme bromés) : utilisés pour réduire l’inflammabilité des plastiques, textiles (rideaux, sièges, mousses…), ainsi que dans les équipements électriques et électroniques (circuits imprimés, câbles, téléviseurs, ordinateurs…).
- les organochlorés (comme le DDT et la chlordécone) : employés dans les pesticides, insecticides et fongicides.
- les produits issus de la combustion : incluant les dioxines, les furanes et les hydrocarbures aromatiques polycycliques.
Cette liste illustre la diversité des perturbateurs endocriniens et leur omniprésence dans notre environnement quotidien. Les perturbateurs endocriniens se cachent dans de nombreux produits du quotidien. Difficile de les éviter!
L’environnement subit aussi cette contamination. En effet, ces substances polluent l’eau, l’air et les sols, notamment via l’industrie et les incinérateurs.
Effets sur la santé
Les perturbateurs endocriniens interfèrent effectivement avec plusieurs fonctions essentielles du corps humain :
- Le système reproducteur : cause baisse de la fertilité, malformations congénitales.
- Le métabolisme : responsable d’obésité, de diabète.
- Le développement cérébral : provoque des troubles de l’attention, du comportement.
- Le système thyroïdien et surrénalien : cause de déséquilibres hormonaux.
Les 1000 premiers jours de la vie, du développement in utero à la petite enfance, sont une période particulièrement vulnérable. Déjà, les perturbateurs endocriniens avaient commencé à attirer l’attention des chercheurs dès les années 1950. Mais dans les années 1970, c’est l’affaire du distilbène qui a provoqué la véritable prise de conscience des risques associés à ces substances. Effectivement, un chercheur américain a observé la recrudescence d’une forme rare de cancer gynécologique chez des adolescentes et de jeunes adultes.
L’analyse de ces cas a alors montré que les jeunes femmes concernées étaient nées de mères qui avaient pris du distilbène. C’était un œstrogène de synthèse alors prescrit aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches. Rapidement, les chercheurs ont établi le lien entre l’exposition des fœtus au distilbène et l’altération de leurs organes reproducteurs. Cette exposition est ainsi responsable de cancers et de stérilité. Depuis, on a démontré que les enfants nés de la génération exposée in utero ont eux aussi un surrisque de pathologies gynécologiques. Ce médicament, prescrit en France jusqu’en 1977, n’est plus autorisé.
Les perturbateurs endocriniens sont donc une menace silencieuse. Ils sont omniprésents dans l’environnement et le quotidien. Mieux informer le public et renforcer les réglementations est indispensable. Limiter leur exposition passe par des choix personnels: privilégier les produits naturels, éviter le plastique et choisir des cosmétiques sans substances controversées.