Les insectes pollinisateurs jouent un rôle essentiel dans la reproduction des plantes à fleurs et donc en agriculture. Sans eux, une grande partie de la production agricole et des écosystèmes seraient menacés.
Pourtant, leur déclin inquiète les scientifiques. Pollution, pesticides, dérèglement climatique et destruction des habitats fragilisent ces espèces indispensables. Comprendre leur importance et les dangers qu’ils affrontent permet de mieux protéger l’agriculture et la biodiversité.
Les pollinisateurs
Les pollinisateurs transportent le pollen des étamines d’une fleur vers le pistil d’une autre. Ce processus favorise la reproduction sexuée des plantes et renforce leur diversité génétique. Parmi ces insectes, on retrouve les abeilles domestiques et sauvages, les papillons, les bourdons, les fourmis et certaines mouches. Environ 80 % des plantes à fleurs dépendent d’eux pour leur fécondation.
Les plantes ont développé des stratégies pour attirer ces alliés. Couleurs vives, odeurs enivrantes et nectar sucré les guident vers les fleurs. Certaines d’entre elles modifient même leur apparence une fois fécondées. Par exemple, la fleur de châtaignier passe du jaune au rouge, une couleur que les abeilles ne perçoivent pas. Elles ne perdent ainsi pas de temps à la visiter.
Une collaboration fragile
Depuis des millions d’années, les plantes à fleurs et les pollinisateurs ont coévolué. Aujourd’hui, 90 % des plantes terrestres en dépendent. Leur régression impacte donc l’ensemble des chaînes alimentaires. Or, les activités humaines perturbent gravement cet équilibre.
Le déclin des insectes pollinisateurs atteint des niveaux alarmants. En Europe, près de 10 % des espèces d’abeilles et de papillons sont menacées. Le nombre de pollinisateurs diminue jusqu’à 90 % dans certaines régions. Cette chute résulte principalement de l’agriculture intensive. La disparition des haies, la monoculture et l’usage massif de pesticides détruisent leurs habitats et les intoxiquent. Les néonicotinoïdes, par exemple, perturbent leur orientation et augmentent leur mortalité.
Le dérèglement climatique aggrave la situation. Il modifie les cycles de floraison et d’activité des pollinisateurs. Certains insectes ne trouvent plus de nourriture au bon moment. Chez les abeilles domestiques, le phénomène d’effondrement des colonies s’accélère, notamment à cause du parasite Varroa destructor.
Impact sur l’agriculture
Environ 75 % des cultures alimentaires reposent sur la pollinisation animale. Les arbres fruitiers, les baies, les oléagineux, le café et le cacao en dépendent. Sans les pollinisateurs, la diversité alimentaire diminuerait. L’agriculture moderne a pourtant longtemps négligé leur rôle, privilégiant la chimie aux services écologiques.
Des recherches menées dans l’ouest de la France montrent que le rendement du colza et du tournesol varie de 40 % selon la présence ou non de pollinisateurs. Une stratégie basée sur les insectes permettrait d’augmenter la productivité tout en réduisant l’usage des pesticides. Ces études soulignent l’importance de maintenir des habitats naturels, comme les haies et les bandes fleuries, pour favoriser la présence des pollinisateurs.
Quelques informations supplémentaires
- Même les cultures hydroponiques (cultures de plantes réalisées sur un substrat inerte de type sable, pouzzolane, billes d’argile, laine de roche) de tomates nécessitent des bourdons pour la pollinisation.
- Une agriculture mondiale sans insectes est impossible.
- Étude de 2017 (Public Library of Science) : baisse de 76 % des insectes volants en Allemagne entre 1990 et 2016.
Les insectes pollinisateurs sont indispensables à la biodiversité et à l’agriculture. Pourtant, leurs populations s’effondrent sous l’effet des activités humaines. Protéger ces espèces permettrait de garantir des cultures plus productives, une alimentation plus variée et des écosystèmes en bonne santé. Restaurer leurs habitats et limiter les pesticides sont des solutions accessibles. L’agriculture et la nature ont tout à y gagner et pourtant on continue à aller dans le sens inverse en réautorisant des pesticides auparavant interdits dans l’agriculture française. L’économie et les profits immédiats avant tout.