Les poissons locaux se font rares sur les marchés avec une surpêche qui menace les océans et les espèces vivantes. Nos poissons sont alors remplacés par des espèces venues de loin.
La pêche, mondialisée et industrialisée, répond à une demande exponentielle. Cette surexploitation épuise les stocks et provoque des tensions entre pays. Mais comment mesurer l’ampleur de cette crise ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Une consommation en forte hausse
L’humanité consommait plus de 110 millions de tonnes de poissons en 1998. En 2018, ce chiffre atteignait près de 180 millions de tonnes, dont un peu moins de la moitié est issue de la pêche en mer. Le Pacifique Nord-Ouest, principale zone de capture, fournit en moyenne un peu moins d’un dixième de cette pêche. La Chine, avec plus de 10 millions de tonnes, reste le premier pays pêcheur mondial.
La surexploitation des stocks
La FAO utilise le Rendement Maximum Durable pour évaluer la pression sur les stocks. Quand le RMD est dépassé, les poissons ne se renouvellent plus.
En Méditerranée et en Mer Noire, plus de 60 % des populations de poissons sont surexploitées. Dans le Pacifique Sud-Est et l’Atlantique Sud-Ouest, ce taux atteint près de 50 %. Globalement, la part des stocks surexploités est passée de 10 % en 1975 à plus de 30 % quarante ans plus tard.
Une industrie de plus en plus destructive
Depuis les années 1950, la flotte mondiale de bateaux de pêche est passée d’un peu moins de 2 millions à plus de 4,5 millions d’unités. D’immenses chalutiers, capables de capturer plusieurs centaines de tonnes par jour, sillonnent les océans. Les techniques de pêche intensive mettent en péril des espèces entrières. Le cabillaud, par exemple, voit ses stocks s’effondrer en mer du Nord et dans l’Atlantique.
Des conséquences environnementales et économiques
La surexploitation des ressources marines bouleverse les écosystèmes et les communautés pêcheuses. En Afrique, la présence massive de navires chinois a réduit les revenus des pêcheurs de près de moitié depuis 2000. Au large des côtes de l’Équateur, des flottes industrielles menacent la faune marine en pêchant massivement aux abords de réserves naturelles.
L’aquaculture, une solution ambiguë
Face à la diminution des stocks, l’aquaculture s’est développée. Désormais, 50 % des poissons consommés proviennent d’élevages.
La production de saumon a triplé depuis 50 ans. Pourtant, ces fermes ne sont pas la panacée malgré tout ce qu’on peut entendre ou lire car elles propagent souvent des maladies aux poissons sauvages et polluent les milieux naturels.
Vers une pêche responsable
Des mesures existent pour freiner la surpêche. L’Union Européenne a réduit la surexploitation dans l’Atlantique Nord-Est de moitié. Les quotas ont par exemple permis d’augmenter la population de thons rouges de l’Atlantique.
En tant que consommateur, nous avons encore une fois une responsabilité immense. Nous devons préférer les poissons issus de pêche durable, vérifier leur provenance et choisir des espèces non menacées. Seule une consommation plus responsable permettra de préserver les ressources marines pour les générations futures. L’économie liée à la pêche survivra seulement avec une pêche gérée et durable, sinon elle s’effondrera.
La surpêche représente une menace réelle pour les océans. Les chiffres montrent l’urgence d’agir. L’effondrement des stocks impacte la biodiversité et l’économie de nombreuses régions.