Une prairie de fleurs sauvages dans son jardin, en lieu et place d’un gazon parfait, favorise naturellement la biodiversité et le vivant face à la crise climatique.
Ainsi, en 2019, le King’s College de Cambridge a remplacé une pelouse datant du XVIIIe siècle par une prairie de fleurs sauvages sur une partie de son emblématique Back Lawn, en Angleterre.
L’étude du King’s College
Pendant trois ans, des chercheurs ont analysé la biodiversité afin de comparer la richesse des espèces, l’abondance et la composition des plantes. Ils ont aussi comparé les population d’araignées, d’insectes et de chauves-souris entre la prairie et la pelouse. Ils ont également évalué l’impact de ces deux espaces sur le dérèglement climatique en examinant les émissions liées à l’entretien et la séquestration du carbone. Par ailleurs, ils ont mesuré les bénéfices de la prairie ainsi que l’opinion publique sur l’expansion de ce type d’aménagement sur le campus universitaire.
Bien que de petite taille (moins d’un hectare), la prairie a accueilli environ trois fois plus d’espèces végétales, d’araignées et d’insectes que la pelouse restante. Les chauves-souris y ont aussi été observées trois fois plus fréquemment. De plus, la biomasse des invertébrés terrestres y était 25 fois plus élevée. La prairie abritait également quatorze espèces faisant l’objet de mesures de conservation, contre six dans la pelouse, en plus des espèces spécifiques aux milieux prairiaux.
Ainsi, la conversion en prairie a réduit considérablement les besoins en entretien et en fertilisation. En outre, la réflectance du sol y était supérieure de 25 à 34 % par rapport à la pelouse. Elles contribueraient ainsi à l’adaptation climatique en augmentant l’albédo. En revanche, les stocks de carbone du sol n’ont pas montré de différence significative entre les deux espaces.
Cette étude met en évidence les avantages significatifs des prairies urbaines pour la biodiversité, les services écosystémiques et l’atténuation du dérèglement climatique, tout en réduisant les coûts d’entretien par rapport à une pelouse conventionnelle.
Un changement de paradigme
Transformer les pelouses en prairies permet de modifier notre perception de la nature et de reconnaître son rôle essentiel, plutôt que de la considérer comme un simple décor à entretenir. De plus, les pelouses perçues comme des symboles d’ordre et de perfection, reflètent une volonté de contrôle sur la nature. Or, leur entretien mobilise d’importantes ressources en eau, en produits chimiques et en énergie, aggravant ainsi notre empreinte écologique. En optant pour des prairies, nous adoptons une approche plus durable, qui préserve les écosystèmes et favorise la biodiversité.
Ce changement implique d’accepter la présence de plantes indigènes et de végétaux spontanés, plutôt que de chercher une esthétique artificielle. Nous avons déjà commencé à nous adapter : dans les zones rurales, depuis l’interdiction du glyphosate, les plantes autrefois jugées envahissantes se fondent désormais dans le paysage. Avant, devant chez moi, derrière le mur, il n’y avait qu’un sable terne et uniforme. Aujourd’hui, un magnifique champ de coquelicots s’est installé à sa place.
Adopter ce nouveau modèle permet de créer des espaces verts qui profitent à la fois aux humains et à la biodiversité.
Quelles fleurs choisir?
Quelles variétés de fleurs et de plantes vivaces devriez-vous semer dans votre jardin ? Au printemps, de nombreuses plantes et fleurs sauvages offrent une floraison abondante. Vous pouvez choisir de semer un mélange de graines de fleurs des prairies ou d’opter pour des espèces spécifiques, en fonction de vos préférences, du type de sol et des zones à fleurir.
Espèce | Description |
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Le silène | Plante herbacée annuelle ou vivace avec plus de 300 variétés. Ses fleurs colorées ou blanches attirent les insectes et les papillons pollinisateurs. |
Le coquelicot | Herbacée qui prospère dans les terrains naturels sans produits chimiques. Sa floraison printanière teinte les champs et les prairies en rouge. Ses graines se dispersent grâce au vent. |
Le lupin | Appartenant à la famille des Fabacées, il enrichit le sol en fixant l’azote atmosphérique, favorisant ainsi la croissance des autres plantes. |
La marguerite | Herbacée commune, rustique et reconnaissable à sa fleur où le blanc des pétales contraste avec le jaune de son cœur. |
La nigelle de Damas | Plante annuelle ou vivace de 25 à 50 cm de hauteur. Ses fleurs décoratives sont généralement bleues, mais peuvent aussi être blanches ou roses. |
La cardamine | Plante herbacée vivace produisant des fleurs blanches. Certaines variétés sont comestibles, consommées crues ou cuites. |
La mauve | Fleur des champs poussant le long des remblais et des murs. Cultivable au jardin, ses fleurs varient du blanc au rose vif. |
La soude officinale | Présente dans les prairies, clairières et près des cours d’eau. Ses fleurs blanches ou légèrement violacées forment des bouquets denses. Elle possède des vertus médicinales. |
La moutarde des champs | Plante de 25 à 60 cm de hauteur, fleurissant entre mai et septembre avec de jolies fleurs jaunes éclatantes. |
Le cosmos | Originaire du Mexique, il fleurit du printemps aux premières gelées, offrant des couleurs variées : orange, rouge, rose, blanc et bicolores. |
La fumeterre | Plante en épis produisant de jolies fleurs roses à violettes, pouvant atteindre un mètre de hauteur. Facile à cultiver, elle pousse dans les champs et terrains vagues. |
Le chèvrefeuille | Buisson grimpant préférant l’ombre ou la mi-ombre. Il pousse le long des chemins ombragés et en forêt. Ses fleurs délicates, roses, jaunes ou blanches, dégagent un parfum doux. |
La bourrache | Herbe annuelle atteignant jusqu’à 60 cm, fleurissant d’avril à août. Ses fleurs bleu pâle ou violettes, en forme de trompette, sont très appréciées. |
La chicorée sauvage | Plante sauvage poussant entre mai et septembre dans les champs et le long des routes. Son feuillage ressemble à celui du pissenlit et ses fleurs sont d’un joli bleu. |
L’alcathea | Plante au port altier, entre vivace et grand arbuste, apportant une touche décorative au jardin et s’adaptant à différentes conditions. |
L’achillée millefeuille | Plante vivace pouvant atteindre 50 cm, présente dans les friches, rocailles et prairies. Sa tige dégage une odeur camphrée et ses fleurs blanches à rosées forment de jolis bouquets. |
* Le port altier peut être caractérisé par une tige dressée, ferme et droite, ainsi qu’une disposition harmonieuse des feuilles et des fleurs. Les fleurs d’une plante au port altier sont souvent portées fièrement au-dessus du feuillage, créant un effet visuel saisissant et attractif. Ce terme est souvent utilisé pour décrire des plantes qui ont une présence marquante dans un jardin, ajoutant de la verticalité et de la stature à l’aménagement paysager.
L’humain résiste souvent au changement, préférant le confort de ses habitudes. Il y a encore quelques années, l’idée d’abandonner les pelouses impeccablement entretenues semblait inconcevable. Aujourd’hui, de nombreuses initiatives montrent qu’une transformation est non seulement possible, mais bénéfique pour tous.
L’exemple du King’s College de Cambridge illustre les avantages visibles de cette transformation.