La fabrication, l’utilisation et le recyclage d’un téléphone portable ont un fort impact environnemental. La sobriété s’impose aussi dans son utilisation.
Plusieurs facteurs influencent cette empreinte, comme la taille, la marque, le modèle et l’usage quotidien. L’impact reste très important, tant pour l’environnement que pour les travailleurs impliqués dans la fabrication.
Une empreinte environnementale élevée
La plupart des téléphones contiennent des métaux extraits dans des conditions difficiles, engendrant une pollution importante. Voici un aperçu de l’empreinte environnementale associée à leur fabrication, utilisation et recyclage.
Fabrication
Fabriquer un téléphone portable nécessite l’extraction de nombreux minerais et métaux rares : aluminium, cuivre, or, tungstène, étain, cobalt, lithium, nickel etc… L’extraction de ces matières premières endommage les habitats naturels et génère des émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, produire des composants électroniques comme les puces, écrans et batteries consomme beaucoup d’énergie et d’eau. Sans parler des plastiques!
La fabrication d’un téléphone entraîne également des émissions de GES. Extraire les matières premières, les transformer en composants et assembler le téléphone consomme de l’énergie. Les usines fonctionnent avec de l’électricité et du gaz naturel. Apple, par exemple, estime qu’un iPhone X 64 Go émet environ 80 kg d’éqCO2 de la fabrication au recyclage. La fabrication représente à elle seule 80 % de ces émissions.
Utilisation
Utiliser un téléphone génère aussi une empreinte environnementale. Recharger l’appareil consomme de l’énergie et contribue aux émissions de GES, selon la production d’électricité locale. L’utilisation intensive des données mobiles et du sans-fil augmente également la consommation d’énergie. Charger un téléphone consomme en moyenne 2 à 3 kWh par an, soit 1,5 à 2 kg de CO2.
Recyclage
Recycler un téléphone réduit son empreinte environnementale. Pourtant, beaucoup ne sont pas correctement recyclés et finissent en décharge ou sont exportés illégalement. Récupérer les métaux intéresse peu les entreprises car le coût est élevé. Le mélange des matières et la faible concentration des métaux compliquent leur recyclage. De plus, ces processus libèrent des produits toxiques qui polluent l’air, l’eau et les sols. Le traitement des matériaux recyclés consomme aussi de l’énergie, qui n’est pas toujours verte.
On s’en doute et on le constate: l’empreinte énergétique et les émissions de GES des téléphones sont élevées. Il faut aussi considérer les pollutions liées à leur fabrication et leur recyclage. Enfin, les conditions de travail dans l’extraction et l’assemblage sont souvent très difficiles.
Et si on décidait de changer ?
Alors que peut-on faire concrètement à notre niveau ? Force est de constater que ce téléphone est devenu indispensable, et nous serions bien démunis sans lui. Selon Statista, plus de 5,4 milliards de personnes possèdent un abonnement mobile, et le nombre total dépasse 8 milliards. Les smartphones ont une durée de vie courte, car beaucoup les remplacent tous les deux ou trois ans. En moyenne, un utilisateur passe entre 3 et 5 heures par jour sur son téléphone. Prenons l’exemple d’un iPhone : selon Apple, un iPhone 12 ou 13 émettrait environ 70 kg de CO2eq sur toute sa durée de vie. Ce chiffre, basé sur l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), inclut l’extraction des matières premières, la fabrication et le recyclage. Un iPhone dure environ 5 à 6 ans, souvent revendu après trois ans d’utilisation.
Répartition des émissions de CO2 d’un iPhone :
- 80 % proviennent de la production (extraction, fabrication, transport).
- 16 % sont liées à son utilisation (recharge, applications).
- 2 à 3 % concernent le transport du produit fini.
- 1 % est dû au recyclage.
Seule l’utilisation reste modulable par les utilisateurs. Certains experts estiment que son impact est sous-évalué et serait 3 à 4 fois plus élevé. Garder son téléphone plus longtemps réduit la nécessité d’en produire de nouveaux.
Réduire l’usage quotidien d’un iPhone de 4 à 2 heures aurait-il un impact ?
En supposant une durée de vie de 6 ans, Apple revendique 1 milliard d’utilisateurs, générant 70 millions de tonnes de CO2 en 6 ans, soit 12 millions par an.
- 16 % des émissions liées à l’utilisation représentent environ 2 millions de tonnes de CO2eq par an. Si chaque utilisateur réduisait son temps d’écran de moitié, 1 million de tonnes seraient économisées.
Face aux centaines de millions de tonnes émises par l’aviation civile (3 % du total), ce chiffre semble dérisoire. Même avec les émissions des datacenters et la 5G, limiter son temps d’écran ne suffira pas à changer le monde. Il faut donc repenser notre manière de consommer.
Changer notre consommation
Un chiffre doit faire réfléchir : plus des trois quarts des émissions proviennent de la fabrication, comme pour les voitures électriques. C’est donc là qu’il faut agir. Les conditions de travail dans les usines restent précaires, et les pollutions inhérentes sont conséquentes. Attendre un changement des fabricants est illusoire. Tant que la demande et le mode de consommation ne changent pas, rien ne bougera. Alors, que faire ?
Quelques gestes et idées à explorer
Utiliser son téléphone de manière responsable : réduire son temps d’écran, trier ses e-mails pour limiter l’impact des datacenters, privilégier les vidéos en 480p sur Wi-Fi plutôt qu’en HD sur 4G et favoriser l’audio.
Privilégier la réparation au remplacement : réparer une batterie ou un écran fissuré prolonge la durée de vie du téléphone et limite l’extraction de métaux aux conséquences sociales et écologiques désastreuses.
Acheter un téléphone reconditionné ou d’occasion : moins cher et plus écologique, il permet de réduire son impact environnemental et de lutter contre le réchauffement climatique.
Opter pour un Fairphone : mon prochain achat. Mon téléphone chinois de 2020 commence à fatiguer, et j’espère le garder encore quelques années avant de passer au Fairphone.
Le Fairphone, sans être parfait, mise sur la durabilité et l’éthique. Il privilégie les matériaux issus de sources responsables, s’engage pour des conditions de travail équitables et conçoit ses appareils de manière modulaire. Réparable et évolutif, il peut durer bien plus longtemps qu’un smartphone classique. Fairphone garantit ses modèles 5 ans et assure la disponibilité des pièces jusqu’à 10 ans. Aussi, il propose aussi un programme de recyclage pour récupérer et réutiliser les anciens appareils. Le garder 5 ans au lieu de 3 réduit de 30 % son empreinte annuelle. Sur 7 ans, la baisse atteint 70 %. Le prix pique un peu : environ 600 €, chargeur inclus, pour un téléphone aux performances modestes. Mais est-ce vraiment le plus important ?
Les smartphones ont transformé nos vies, c’est certain. Mais leur impact environnemental est significatif. Pour forcer l’industrie à évoluer, nous devons changer notre consommation. En adoptant des choix conscients et en favorisant des pratiques durables, nous contribuerons à préserver la planète pour les générations futures. Plus facile à dire cela dit qu’à faire réellement!