La baisse du niveau de l’eau menace plus de la moitié des lacs et réservoirs du monde. Le réchauffement climatique et la surexploitation aggravent cette crise en réduisant ces ressources essentielles.
Les études s’accumulent, toutes dressant le même constat : l’eau douce disponible se réduit. Lacs, zones humides, réservoirs s’assèchent sous l’effet du dérèglement climatique et des activités humaines. Rien de neuf sous le soleil.
Rien de neuf sous le soleil
Chaque nouvelle étude semble provoquer un sursaut d’indignation, comme si le monde découvrait soudainement l’ampleur du problème. Pourtant, rien de nouveau. Depuis des années, les scientifiques alertent sur la disparition des zones humides, des réserves d’eau et des lacs.
- En 2022, une analyse d’un million d’images satellites a révélé la perte de 4 000 km² de zones humides côtières en vingt ans.
- En 2021, une étude publiée dans Nature montrait que l’oxygène des lacs tempérés diminuait depuis 1980 : -20 % dans les eaux profondes, -5,5 % en surface. Une perte 5 à 10 fois plus rapide que dans les océans.
- En 2018, la revue Science publiait déjà une étude confirmant la diminution généralisée du stockage d’eau des lacs.
Les rapports se multiplient et dressent tous le même constat : partout, les lacs s’assèchent. Certaines études datent de plus de 15 ans. Nous avons déjà sous les yeux les conséquences combinées des actions humaines, du dérèglement climatique et des sécheresses à répétition.
Le lac Tchad, autrefois l’un des plus vastes d’Afrique, a perdu 90 % de sa superficie en soixante ans. Surexploitation, sécheresses prolongées et dérèglement climatique ont provoqué une véritable catastrophe écologique. Autrefois riche en poissons, le lac assurait ainsi nourriture et revenus aux populations locales. Aujourd’hui, la disparition des pâturages a ruiné l’élevage et contraint de nombreux habitants à l’exode. Quatre millions et demi de personnes souffrent d’une insécurité alimentaire grave.
Encore une étude qui confirme ce que l’on sait depuis trente ans : le dérèglement climatique bouleverse la vie de milliards d’humains et met en péril une grande partie d’entre eux. Pourtant, nos sociétés et leurs décideurs, largement responsables de cette situation, tergiversent encore. Comme l’a si bien dit un dirigeant visionnaire : « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » Désespérant.
Une moitié en moins
Une étude parue en mai 2023 dans Science révèle que plus de la moitié des plus grands lacs et réservoirs du monde ont perdu d’importantes quantités d’eau ces trente dernières années. Le dérèglement climatique et l’utilisation excessive de l’eau en sont les principales causes. Environ un quart de la population mondiale vit dans un bassin lacustre en déclin. Bien qu’ils ne couvrent que 3 % de la surface terrestre, les lacs contiennent près de 90 % de l’eau douce liquide de la planète, essentielle à l’eau potable, à l’irrigation, à l’énergie et aux écosystèmes.
Les fluctuations naturelles des niveaux d’eau des lacs, dues aux précipitations et aux chutes de neige, sont désormais amplifiées par les actions humaines. Cette récente étude, basée sur des observations satellites, analyse le déclin de 1 972 lacs et réservoirs, couvrant la majorité des grandes étendues d’eau naturelles et artificielles.
Près de la moitié des pertes en eau des lacs naturels sont dues aux activités humaines et à l’augmentation des températures, qui intensifient l’évaporation. Le manque de précipitations et une demande accrue en eau par les humains et le bétail accentuent encore le problème.
Ce déficit hydrique à long terme est responsable de déplacements de population et affecte la qualité de l’eau. Les lacs, comme les océans, jouent un rôle clé dans le stockage du carbone. Leur disparition compromet cette fonction et aggrave le réchauffement climatique. Que dire de plus ? Encore une étude qui confirme ce que l’on sait depuis des décennies. Et pourtant, les décisions politiques tardent toujours. Désespérant.