Mauvaises influences ou négligences … Quoi qu’il en soit, la loi visant à encadrer la Fast-fashion ne figure plus dans le budget voté récemment. Bizarre…
En 2024, l’Assemblée nationale avait adopté la proposition de loi contre la fast-fashion. Cette loi visait à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Bizarrement, la dissolution étant passée par là, celle-ci aurait disparu du projet de loi.
Un modèle en pleine expansion
La fast fashion met sur le marché un grand nombre de modèles avec un renouvellement constant de ses collections.
Le leader du marché propose plus de 7 000 nouveaux modèles par jour. Une enseigne française traditionnelle ne dépassera pas les 1000 modèles journalier. Nous ne sommes pas du tout sur le même modèle. Le chiffre d’affaires de cette célèbre marque chinoise a augmenté de près de 1000% en trois ans. Des chiffres qui donnent le tournis et qui expliquent l’effondrement de la mode Made In France/Europe.
Rappelons que l’industrie textile émet 10% des GES mondiaux. C’est largement plus que les secteurs aérien et maritime réunis. Ce chiffre pourrait atteindre 25% d’ici 2050 si nous restons dans ce modèle de fast-fashion. Sans parler de l’impact sur l’environnement, la biodiversité, les problèmes sociaux comme le travail forcé et le travail des enfants.
Il est évident que le secteur français/européen de l’habillement peine à concurrencer cette industrie à bas prix.
Le projet de 2024
La proposition de loi contre la fast fashion, adoptée à l’Assemblée nationale le 14 mars 2024, visait à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile.
Elle définissait la fast fashion comme la mise à disposition d’un grand nombre de nouvelles références de vêtements ou d’accessoires neufs sur une courte période, dépassant des seuils fixés par décret. À partir du 1er janvier 2025, la loi devait notamment interdire la publicité pour les produits textiles relevant de la fast fashion.
Voici la liste de quelques-unes des mesures proposées dans la loi contre la fast-fashion présentes dans le texte initial:
- Définition de la fast fashion : définition légale de la fast fashion selon des seuils de nouvelles références de vêtements. La vente sur les plateformes internet y est intégrée.
Interdiction de la publicité : publicité interdite pour les produits textiles de fast fashion dès le 1er janvier 2025.
Affichage de messages : messages obligatoires sur le réemploi et la réparation des vêtements sur les sites de vente enligne.
Système de bonus-malus : bonus-malus basé sur l’éco-score des produits, avec malus jusqu’à 10 euros par produit en 2030.
Information des consommateurs : informer les consommateurs sur l’impact environnemental de leurs achats.
Impact environnemental et empreinte carbone : la proposition de loi ajoute deux critères d’éco-modulation pour les produits concernés par la REP/responsabilité élargie des producteurs.
- Refashion : les députés ont amendé la loi pour que Refashion finance des infrastructures de collecte et recyclage de textiles usagés à l’étranger.
Aussi bizarre qu’il puisse paraître, cette loi a disparu du projet de budget voté en début d’année. Cela aurait-il un lien avec le fait qu’un ancien ministre vient de se mettre au service du leader du marché ? Non ???
Un mélange des genres
Il y a quand même de quoi se poser la question. L’influence de cet ancien ministre, proche du pouvoir en place, pose questions quant au « report » de l’examen d’une loi cruciale pour la filière textile française. La nomination de l’ancien ministre de l’intérieur interroge. Celui-ci a beau mettre en avant des initiatives vertueuses en matière sociale et environnementale du secteur, difficile de ne pas lier les 2 informations.
Cela dit, cette nomination est un détail. Peu importe qu’elle soit à l’origine du report/annulation du texte. En réalité, ce qui dérange, c’est le message qui est envoyé, et pas que dans le domaine de la mode. On le voit bien, l’écologie n’est plus une priorité. On parle de budget, de guerre, d’armement … Mais en réalité nos politiques ont mis de côté les avertissements de la communauté scientifique. Trop complexe, trop dangereux … trop risqué pour leur carrière.
La proposition de loi de 2024 visait donc à réduire les impacts de la mode « express ». Sans doute difficilement applicable, elle avait au moins la vertue de rappeler la nécessité de changer nos modèles de consommation. Sa « disparition » est un mauvais signal de plus pour l’avenir de nos enfants…