L’extraction des ressources minières des fonds des océans soulève de sérieuses inquiétudes environnementales. Ces fonds marins abritent une biodiversité unique et fragile, et l’extraction de ces ressources aura inévitablement des conséquences désastreuses sur les habitats et les espèces marines.
Une extraction à hauts risques
Certes, il ne s’agit pas de mines à ciel ouvert comme sur terre, mais l’extraction sous-marine entraînera inévitablement une pollution à grande échelle. Fuites de produits toxiques, rejets de déchets… Ces substances nocives affecteront aussi bien la faune marine que la santé humaine au bout de la chaîne. Pourtant, certaines entreprises, alléchées par les profits boursiers, minimisent ces dangers.
L’extraction des ressources minières des fonds océaniques est une entreprise coûteuse et loin d’être garantie rentable. Les métaux recherchés — cobalt, nickel, cuivre — sont présents en concentrations bien inférieures à celles des mines terrestres. Dans les années 1950, ces concentrations atteignaient 4 à 5 %, mais aujourd’hui, les entreprises s’estiment heureuses si elles frôlent le 1 %. De plus, les populations refusent de plus en plus ces exploitations destructrices près de chez elles. Alors, pourquoi détruire les fonds marins ? Franchement, qui a encore envie de voir de telles images, qui plus est au fond des océans ?
Je sais que j’exagère et qu’une mine sous-marine ne sera pas ça … mais cela pourrait être bien pire! Je sais que nous n’avons pas d’autres choix que de trouver de nouvelles ressources si nous voulons continuer sur le même modèle. Mais justement, peut-être est-il temps de chercher à redonner un nouveau sens au monde et à nos vies plutôt que de penser à souiller un des derniers espaces encore « à peu près épargné » sur Terre ?
Un passé affligeant : le cas de Nauru
On pourrait croire que ces projets ne verront jamais le jour. Pourtant, l’histoire prouve le contraire. Prenons Nauru, une petite île du Pacifique. Autrefois prospère grâce à ses gisements de phosphate, elle a été surexploitée jusqu’à l’effondrement total de son économie. Aujourd’hui, c’est un territoire dévasté, un paysage lunaire où la biodiversité a été anéantie. Et pourtant, Nauru mise désormais sur l’exploitation minière sous-marine pour s’en sortir… Un tragique déjà-vu.
Un cas plus récent en Norvège
En décembre 2024, la Norvège a décidé de suspendre l’attribution de permis pour l’exploration minière sous-marine dans ses eaux arctiques pour les années 2024 et 2025. Cela fait suite à une forte opposition de la part d’ONG environnementales, de scientifiques et d’institutions internationales. Cette décision avait été perçue à l’époque comme une victoire importante.
Malgré cette suspension, le procès intenté par la branche norvégienne du Fonds mondial pour la nature (WWF) s’est poursuivi. Le WWF contestait la légalité de l’ouverture des fonds océaniques à l’exploitation et à l’extraction des ressources minières sans étude d’impact préalable. En février 2025, le tribunal a statué en faveur de l’État, rejetant les arguments du WWF et autorisant la poursuite des projets d’extraction minière sous-marine après 2025.
Le gouvernement norvégien soutient que l’exploitation de ces ressources est essentielle pour la transition énergétique et pour réduire la dépendance aux importations de minéraux stratégiques. Toutefois, cette décision reste grandement contestable quant aux impacts environnementaux potentiels sur les écosystèmes marins fragiles de l’Arctique. Là aussi, il semble que les désastres environnementaux du début du XXIe siècle ne soient pas suffisants. Les alertes des scientifiques ne semblent pas non plus freiner les ambitions de ces grandes multinationales qui regardent la planète comme un espace de ressources à piller à volonté. Triste !
Avant qu’il ne soit trop tard
L’exploitation minière des abysses n’est pas une solution miracle. Elle ne remplacera jamais une véritable politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de sobriété énergétique, où tout est fait pour réduire l’extraction de ressources naturelles finies. Elle pourrait même aggraver la situation. Il me semble que la prudence aurait été d’interdire ces pratiques avant qu’elles ne détruisent des zones encore préservées. Il vaudrait mieux penser à créer des zones protégées, instaurer des réglementations strictes et réaliser des études d’impact avant de délivrer toute autorisation.
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, affirme son engagement en faveur de la protection de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique. Pourtant, peut-il dénoncer les énergies fossiles tout en laissant la destruction des fonds marins se poursuivre ? Ces deux combats sont indissociables. Là encore, les signaux envoyés par les États et les grandes entreprises ne laissent pas présager d’une réelle amélioration pour la vie sur Terre. Vraiment triste !