L’envoi de mails est devenu un moyen courant de communication à travers le monde avec, au passage, une empreinte numérique non négligeable.
Même si son usage est en baisse du fait du développement de plateformes de partage d’écrans, son usage s’est largement banalisé depuis 20 ans.
Cependant, il est facile de négliger l’impact environnemental que peut avoir l’envoi d’un e-mail. C’est le cas en particulier lorsqu’on y joint des pièces documents volumineux. En effet, l’envoi de courriels consomme de l’énergie et génère des émissions de gaz à effet de serre tout au long de leur cycle de vie. Cela commence dès la production des appareils électroniques et des serveurs utilisés pour stocker les e-mails jusqu’à leur fin de vie.
Le mail, moins à la mode
Cela dit, les choses changent. Le mail reste un outil principalement professionnel. Même au travail, les visioconférences et autres outils de communication instantanée ont réduit son usage. Les jeunes, quant à eux, utilisent de moins en moins le mail. L’apparition de nouveaux services n’a pas nécessairement réduit l’usage des précédents. Ces services de visioconférence et de messagerie instantanée se sont simplement ajoutés. On estime qu’environ 350 milliards de mails sont envoyés chaque jour. Rien qu’en France, près d’un milliard et demi de mails sont échangés quotidiennement.
Alors, bien que l’impact des e-mails soit largement inférieur à celui du visionnage de vidéos, agir sur la quantité de mails envoyés ou reçus ainsi que sur leur stockage pourrait-il avoir un réel impact sur nos émissions de CO₂ et sur la consommation électrique ?
Quelques chiffres
Le bilan carbone de l’envoi d’un e-mail varie selon les études, en fonction de plusieurs critères. On pourra notamment citer la taille du message, l’existence d’une pièce jointe, le nombre de destinataires et la source d’électricité utilisée.
Selon une étude menée par l’ADEME en France en 2019, l’envoi d’un e-mail moyen génère environ 10 grammes de CO₂eq (équivalent CO₂). Cette estimation inclut l’énergie nécessaire au fonctionnement des appareils, des serveurs et des réseaux. Un e-mail contenant une pièce jointe volumineuse peut générer des émissions proches de 50 grammes.
D’après Mike Berners-Lee (expert en dérèglement climatique et auteur de How Bad Are Bananas?), l’envoi d’un e-mail moyen émet environ 4 grammes de CO₂eq. Toutefois, une pièce jointe de 1 Mo peut faire grimper cette empreinte à 19 grammes, tandis qu’un e-mail avec 10 Mo de pièces jointes peut atteindre 190 grammes de CO₂eq.
L’envoi d’un e-mail avec une pièce jointe de 1 Mo à un seul destinataire émet environ 20 grammes de CO₂. Cependant, si ce même e-mail est envoyé à 10 destinataires, son impact environnemental est multiplié par 4 ou 5.
Les estimations de l’ADEME et celles de Mike Berners-Lee varient, mais elles restent dans des ordres de grandeur comparables.
- Selon une étude de l’ADEME datant de plus de 10 ans, l’envoi d’un courriel de 1 Mo à une seule personne représente une consommation énergétique équivalente à 25 Wh. C’est environ 25 minutes d’utilisation d’une ampoule de 60 W.
- L’envoi d’un e-mail moyen sur un ordinateur portable consommerait environ 100 fois plus d’énergie que son envoi via un smartphone.
- Nombre d’utilisateurs d’e-mails dans le monde (Radicati Group, 2021) : environ 4 milliards.
- Nombre d’utilisateurs en France : entre 40 et 50 millions, dont la moitié consulte ses e-mails quotidiennement.
- Nombre de comptes e-mail dans le monde : environ 4 milliards, dont 75 % sont des comptes personnels.
Cependant, il faut noter que lorsqu’on parle d’e-mails, on englobe aussi bien les réponses rapides (similaires à des SMS) que les courriers contenant de nombreuses pièces jointes volumineuses. La digitalisation des démarches administratives impose souvent l’envoi de nombreux documents. Ce qui contribue à l’augmentation du trafic en ligne. D’un côté, on évite les déplacements, mais de l’autre, on alourdit la pollution numérique.
Le problème du spam
Le spam représente une part significative du trafic mondial des e-mails, oscillant entre 55 % et 90 % selon les périodes. Heureusement, les services de messagerie filtrent la majorité de ces courriers indésirables. Ils n’atteignent pas les boîtes de réception des utilisateurs. On estime que le spam représente encore environ 50 % du trafic e-mail mondial, bien que cette proportion soit en baisse.
Difficile de généraliser, mais une chose est sûre : l’usage massif des mails a un impact non négligeable sur l’environnement, même s’il reste inférieur à d’autres usages du numérique.
Des mesures simples
Comment réduire l’impact environnemental de nos e-mails ? Voici quelques gestes simples à adopter. Gestes simples mais que nous ne réalisons pas suffisamment, notamment en dehors du cadre professionnel.
- Nettoyer régulièrement sa boîte mail : conserver des e-mails inutiles augmente la consommation d’énergie des centres de données. Il est conseillé de supprimer les messages obsolètes et de vider régulièrement sa corbeille.
- Limiter les pièces jointes : une alternative consiste à envoyer des liens de téléchargement. Nous avons malheureusement l’habitude d’envoyer des fichiers volumineux en pièce jointe.
- Stocker localement plutôt que sur les serveurs : les data centers consomment entre 1,5 et 3 % de l’électricité mondiale. Ils sont responsables d’environ 2 % des émissions de CO₂. Il est donc préférable de stocker les fichiers sur son disque dur plutôt que dans sa messagerie.
- Réduire le nombre de destinataires : multiplier les destinataires multiplie l’empreinte carbone du mail. Il est donc recommandé d’éviter les envois groupés inutiles.
On le voit, des solutions existent mais la meilleure approche reste encore de réduire leur nombre. De plus, les pouvoirs publics doivent renforcer la lutte contre le spam, qui représente toujours une part importante du trafic.
Enfin, le numérique a cette particularité : un usage n’en remplace pas un autre, il s’y ajoute. Aux e-mails s’ajoutent désormais les messages via Messenger, Snapchat, Instagram et autres plateformes, souvent avec des limites d’envoi de pièces jointes beaucoup moins restrictives. Ces services doivent donc être utilisés avec modération!
Si l’envoi d’un e-mail peut sembler anodin, son impact environnemental et l’empreinte numérique cumulés à l’échelle mondiale sont non négligeables. Les courriels ne sont pas les principaux responsables de la pollution numérique. Pourtant, leur nombre et le stockage massif des messages et pièces jointes participent à l’empreinte carbone globale du numérique. Il est possible d’adopter des gestes simples. Nous pouvons limiter le stockage des e-mails inutiles, réduire la taille des pièces jointes ou éviter les envois groupés superflus, pour contribuer à atténuer cet impact.