La pollution de l’air est responsable de 5 à 9 millions de morts prématurées à l’échelle mondiale.
Depuis les années 60, un nombre conséquent de rapports scientifiques et d’études ont montré que nous allions droit dans le mur. Ces études ont démontré que l’espèce humaine était en train de se tirer une balle dans le pied en préférant l’inaction. Pourtant, nous faisons comme ci de rien n’était et contestons toute mesure contraignante. Va comprendre…
En 2019, on estime qu’environ 7 millions de morts prématurées étaient attribuables à la pollution de l’air. 1,4 million étaient liées à la pollution de l’eau, et 900 000 au saturnisme (exposition au plomb). En Europe, ce chiffre s’élève à environ 300 000 décès par an. En Inde, les études montrent que l’on approchera les 2 millions de morts annuels d’ici 2030 !
Ce qui est incompréhensible, c’est que ces chiffres choquent lorsqu’il s’agit du tabac, alors que ceux liés aux particules fines semblent poser moins de problèmes. On pourrait faire le même parallèle avec le Covid. Et cela sans même parler des maladies de longue durée, telles que les affections respiratoires, cardiovasculaires, neurologiques ou encore certains cancers.
Certains pays comme la Chine, l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan, le Nigeria et l’Indonésie paient un lourd tribut, enregistrant plus de la moitié des décès liés à la pollution dans le monde chaque année.
Etudes et chiffres
De nombreuses études sur la pollution de l’air à travers le monde existent. Voici quelques exemples d’études et leurs chiffres clés :
Les rapports de l’OMS estiment que la pollution de l’air est responsable d’environ 7 millions de morts prématurées chaque année dans le monde.
Soit environ un décès sur huit. Les principales causes de mortalité liées à cette pollution sont les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux. Elle est aussi responsable de cancers du poumon et de maladies pulmonaires chroniques.
En Europe, la pollution de l’air a causé la mort prématurée d’au moins 240 000 personnes en 2020. Un chiffre en légère hausse par rapport à l’année précédente, selon l’Agence européenne pour l’environnement. Une autre étude, publiée en 2021 dans la revue Environmental Pollution, a estimé que la pollution de l’air en Europe était responsable de 790 000 décès prématurés par an. Soit environ un décès sur huit. Les principales causes de mortalité sont les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et le cancer. On peut estimer le nombre de décès annuels liés à la pollution de l’air en Europe aux alentours de 500 000.
La pollution de l’air réduit l’espérance de vie de deux ans en moyenne pour les personnes vivant en Chine. À New Delhi, en Inde, elle réduit l’espérance de vie de 10 ans en moyenne pour les personnes qui y sont nées. Enfin, en Afrique subsaharienne, la pollution de l’air est responsable d’environ 470 000 morts prématurés chaque année.
En 2019, une étude publiée dans la revue The Lancet Planetary Health a estimé que la pollution, dans son ensemble, est à l’origine de 8 à 9 millions de décès prématurés par an dans le monde, soit plus que le tabagisme.
Les causes
Une large variété de molécules et de particules émises dans l’atmosphère par des sources naturelles et humaines est responsable de ces décès. Voici une liste non exhaustive des principaux polluants :
- Les oxydes d’azote – NOx. Ces gaz, émis par les véhicules, les centrales électriques et les industries, réagissent avec d’autres composés dans l’atmosphère pour former de l’ozone troposphérique.
- Le dioxyde de soufre – SO₂. Il est émis par les centrales électriques et les industries qui brûlent des combustibles fossiles, ainsi que par les éruptions volcaniques.
- Les particules fines – PM2,5. Ces particules, d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, proviennent des véhicules, des industries, des feux de forêt… Elles figurent parmi les polluants les plus dangereux pour la santé humaine.
- Le monoxyde de carbone – CO. Gaz émis par les véhicules, les feux de combustion et les appareils de chauffage défectueux.
- Les composés organiques volatils – COV. Ce sont des substances chimiques organiques qui s’évaporent facilement dans l’air, comme les solvants, les carburants et certains produits industriels.
- L’ozone troposphérique – O₃. Ce gaz se forme lorsque les oxydes d’azote et les composés organiques volatils réagissent en présence de la lumière du soleil. L’ozone troposphérique est nocif pour la santé respiratoire et contribue au changement climatique.
Cette liste n’est pas exhaustive, d’autres molécules et particules pouvant également dégrader la qualité de l’air.
Des conséquences dramatiques
La pollution de l’air est responsable d’un grand nombre de morts, c’est certain. Mais elle est aussi à l’origine d’un large éventail de maladies. On citera notamment les maladies respiratoires, cardiovasculaires, neurologiques et même certains cancers. Voici quelques exemples de pathologies liées à la pollution de l’air, ainsi que des statistiques sur leur incidence et leur « coût » :
- Les maladies respiratoires. Les particules fines présentes dans la pollution de l’air provoquent des maladies respiratoires. On parle d’asthme, de bronchites chroniques… Selon l’OMS, la pollution de l’air extérieur est responsable de 29 % des décès dus aux maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) dans le monde. En 2019, les MPOC étaient la troisième cause de mortalité mondiale, avec environ 3,3 millions de décès.
- Les maladies cardiovasculaires. La pollution de l’air augmente également le risque de maladies cardiovasculaires. Selon l’OMS, elle est responsable de 25 % des morts dues aux maladies cardiovasculaires dans le monde. En 2019, celles-ci représentaient la première cause de mortalité mondiale. On comptait environ 17,9 millions de décès, soit 30 % de la mortalité totale.
- Les maladies neurologiques. Les particules fines issues de la pollution de l’air pénètrent dans le système nerveux central. Elles provoquent des lésions cérébrales. Une étude de 2018 a estimé que la pollution de l’air extérieur était responsable de 7 millions de nouveaux cas de démence chaque année dans le monde.
Coût économique
Il est difficile d’évaluer précisément le coût total des maladies liées à la pollution de l’air. De nombreux facteurs entrent en jeu. On citera les dépenses de santé, la perte de productivité due à l’absentéisme et les impacts économiques plus larges sur les systèmes de santé et les économies nationales. Au-delà du nombre de morts, une étude de 2016 a estimé que les coûts économiques de la pollution de l’air en Europe s’élevaient à environ 1 600 milliards d’euros par an? C’est environ 10 % du PIB de l’Union européenne. Loin d’être négligeable !
Le rapport Stern de 2006 avait déjà alerté sur le fait que l’inaction des gouvernants et décideurs entraînerait des coûts astronomiques dans le futur s’ils ne se décidaient pas à prendre des mesures fortes à temps. Nous y sommes malheureusement aujourd’hui.
Que faire ?
Examinons ce que l’Union européenne a mis en place pour limiter la pollution de l’air et améliorer la qualité de l’air dans ses États membres. Voici quelques exemples :
- Les normes d’émissions pour les véhicules : pour les voitures, les camions et les bus. Le but est de réduire les émissions de gaz polluants tels que les oxydes d’azote – NOx, les particules fines – PM et les composés organiques volatils – COV.
- Les plafonds nationaux d’émissions : pour les principaux polluants atmosphériques, tels que le dioxyde de soufre – SO₂, les NOx, les PM et les COV. Les plafonds nationaux d’émissions ont été révisés en 2016 pour la période allant jusqu’en 2030.
- La directive sur les émissions industrielles : elle vise à réduire les émissions industrielles de polluants atmosphériques tels que le SO₂, les NOx, les PM et les métaux lourds.
- La directive sur la qualité de l’air : son but est de protéger la santé humaine et l’environnement. Elle fixe des normes de qualité de l’air pour certains polluants atmosphériques, tels que les PM et l’ozone troposphérique.
- Les ZFE (Zones à Faibles Émissions) : ce sont des zones géographiques délimitées par les autorités locales. Les véhicules les plus polluants sont interdits ou soumis à des restrictions de circulation. Ici aussi, le but est de réduire la pollution de l’air. Elles existent dans de nombreuses villes d’Europe.
Les fameuses ZFE
Le calendrier et les objectifs des ZFE varient d’une ville à l’autre. En général, les municipalités commencent par interdire les véhicules les plus polluants. On parle des véhicules diesel ou les anciens modèles à essence, avant d’étendre progressivement les restrictions à d’autres catégories. À long terme, les ZFE visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, à améliorer la qualité de l’air et à favoriser la transition vers une mobilité plus durable.
En France, ces ZFE ont été mises en place progressivement depuis 2016. L’objectif était de réduire les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote – NOx de 30 % d’ici 2025. À partir de 2023, seuls les véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 1 à 3 (selon leur niveau de pollution) peuvent circuler dans les ZFE. Plusieurs grandes villes, dont Paris, Lyon et Grenoble sont concernées. A Paris, par exemple, à compter du 1er janvier 2025, les règles de la ZFE seront harmonisées. Les véhicules non classés ainsi que ceux portant les vignettes Crit’Air 5, 4 et 3 ne seront plus autorisés à circuler sur l’ensemble du territoire défini. On parle ici d’un large espace situé à l’intérieur de l’autoroute A86, du lundi au vendredi de 8h à 20h, sauf les jours fériés.
Les contraintes liées aux ZFE incluent des amendes pour les véhicules non conformes. Il y a aussi des coûts supplémentaires pour les entreprises utilisant des véhicules polluants. Enfin, des restrictions de circulation existent pour les résidents et les travailleurs dépendant de ces véhicules. Pour atténuer ces impacts, les autorités locales encouragent les propriétaires de véhicules polluants à opter pour des modèles plus modernes. Les véhicules électriques ou hybrides permettent de continuer à circuler librement dans ces zones pour le moment. Malheureusement, leur mise en place est souvent repoussée. Les moyens de transport compensatoires manquent encore bien trop souvent. Le prix de ces véhicules est aussi souvent bien trop élevé!
Des objectifs clairs en Europe
Les objectifs chiffrés de l’Union européenne en matière de qualité de l’air incluent notamment :
- Une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.
- Une réduction de 50 % des émissions de particules fines – PM2,5 d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
- Une réduction de 39 % des émissions d’oxydes d’azote – NOx d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
- Une amélioration de la qualité de l’air dans toutes les zones urbaines de l’UE, conformément aux normes européennes en vigueur.
Il faut noter que les mesures mises en place pour atteindre ces objectifs varient d’un pays à l’autre, en fonction des réalités locales et des niveaux de pollution.
La pollution de l’air a des conséquences majeures, tant sur le plan financier que sanitaire. Mais ses impacts ne s’arrêtent pas là. La la faune et la flore en souffrent également, avec des effets à long terme dont nous mesurons encore mal l’ampleur.