L’IPBES a publié plusieurs rapports qui vont tous dans le même sens: nous assistons à un déclin de la biodiversité qui est très inquiétant.
La nature subit une dégradation alarmante et rapide : le taux d’extinction des espèces atteint un niveau sans précédent et ne cesse de s’intensifier.
Le rapport IPBES de 2024 est le troisième rapport marquant d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques. En 2019 et 2022, ces mêmes rapports de l’IPBES révélaient un taux d’extinction des espèces sans précédent et un réel déclin de la biodiversité . Il établissait que la santé des écosystèmes se dégradait plus rapidement que jamais. Il proposait également des options politiques pour inverser cette tendance.
Le dernier rapport, paru en décembre 2024 est intitulé Affronter ensemble cinq crises mondiales interconnectées en matière de biodiversité, d’eau, d’alimentation, de santé et de changement climatique. Il est également connu sous le nom de rapport Nexus. Il souligne l’interdépendance de ces cinq domaines et propose une approche holistique pour aborder les défis mondiaux actuels.
L’IPBES, c’est quoi?
L’IPBES est la « Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques« . C’est un organe intergouvernemental établi en 2012. Basée à Bonn, en Allemagne, il compte actuellement 147 États membres.
La création de l’IPBES a été motivée par le constat en 1992, du manque de connaissances sur l’ampleur de la perte de biodiversité. La Convention de Rio, est un accord international adopté lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. Elle poursuit trois objectifs principaux:
- la préservation de la biodiversité
- l’utilisation durable de ses composantes
- le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.
Sa mission est de faciliter les échanges entre la communauté scientifique et les décideurs politiques. Son objectif est d’éclairer les décisions politiques en diffusant une expertise multidisciplinaire sur la biodiversité et les écosystèmes. Elle est parfois considérée comme l’équivalent du GIEC pour la biodiversité.
En mai 2019, l’IPBES a publié son premier rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques. Basé sur 15 000 références scientifiques et gouvernementales, ce rapport a révélé un taux d’extinction des espèces sans précédent. Il a aussi mis en évidence la détérioration rapide de la santé des écosystèmes, essentiels à la survie de l’humanité.
Rapport 2019
En 2019, l’IPBES a dévoilé son tout premier rapport d’une ampleur sans précédent sur l’état de la vie sur notre planète. Rédigé par 150 experts issus de 50 pays, ce rapport est le fruit d’une analyse approfondie de 15 000 publications scientifiques. Il vise à synthétiser les connaissances sur l’état actuel de la nature, les tendances en cours et les perspectives futures.
Le rapport complet comprend six chapitres et dépasse les 1 000 pages. Son Résumé à l’intention des décideurs, plus concis, présente en quelques dizaines de pages les messages clés et les options politiques. Ce résumé est disponible en plusieurs langues et constitue une synthèse plus accessible au grand public.
Il existe également une version destinée aux médias, accompagnée de chiffres clés, qui permet, en quelques pages, de saisir l’ampleur du désastre en cours.
Il existe aussi des sites qui détaillent largement ce rapport et permettent de bien comprendre les enjeux:
Rapport 2022
Il fait suite à l’évaluation mondiale de l’état de la biodiversité et des services écosystémiques, publiée en 2019. Il indique que la biodiversité mondiale continue de décliner à un rythme alarmant, principalement en raison des activités humaines. Plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction dans les décennies à venir. Ces extinctions auront inévitablement des conséquences graves pour l’humanité et les écosystèmes de la planète.
Ce rapport met en évidence les principales pressions qui pèsent sur la biodiversité et les écosystèmes. On peut citer notamment le changement d’utilisation des terres, la surexploitation des ressources, le changement climatique, la pollution et les espèces invasives. Il souligne également l’importance cruciale de la biodiversité et des écosystèmes pour la survie et le bien-être humains, en particulier en ce qui concerne la sécurité alimentaire, la santé, les moyens de subsistance et les dimensions culturelles.
Le Résumé à l’intention des décideurs présente les grandes lignes du rapport principal ainsi que les chiffres clés permettant de mieux saisir l’urgence de la situation. La seule lecture de ces chiffres suffit à prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe en cours pour la biodiversité, d’autant plus révoltante face à notre inaction.
Ces données couvrent divers domaines : les espèces végétales et animales, l’alimentation et l’agriculture, les océans et la pêche, ainsi que les forêts… Un constat édifiant.
Rapport 2024
Le rapport propose un large éventail de solutions, tant au niveau politique que communautaire, pour gérer durablement la biodiversité. Il s’intéresse aussi à l’eau, à l’alimentation, à la santé et au changement climatique. Certaines de ces solutions sont peu coûteuses et déjà accessibles. Le rapport analyse également les défis à venir en s’appuyant sur l’évaluation de 186 scénarios issus de 52 études distinctes. Ces scénarios se projettent jusqu’en 2050 et 2100.
Les auteurs présentent plus de 70 options de réponse visant à traiter ces enjeux de manière synergique. Elles sont regroupées en 10 grandes catégories d’action. Parmi ces options ayant des effets largement positifs sur les éléments du nexus, on retrouve notamment :
- La restauration des écosystèmes riches en carbone (forêts, sols et mangroves).
- La gestion de la biodiversité pour limiter le risque de transmission des maladies entre animaux et humains.
- L’amélioration de la gestion intégrée des paysages terrestres et marins.
- Le développement de solutions urbaines basées sur la nature.
- L’adoption de régimes alimentaires sains et durables.
- Le soutien aux systèmes alimentaires indigènes.
Ils estiment les coûts non comptabilisés des approches actuelles à « au moins 10 à 25 000 milliards de dollars américains par an ».
Le rapport propose aussi, dans le résumé aux médias, toute une série de chiffres plus interpelants les uns que les autres:
Le rapport 2024 de l’IPBES souligne l’urgence d’agir. Il met en évidence la nécessité d’une approche intégrée et systémique pour répondre aux défis mondiaux. La préservation de la nature et la gestion durable des ressources sont incontournables pour assurer la sécurité, la santé et le bien-être des générations futures.
La lecture de ces rapports de l’IPBES rappelle que le déclin de la biodiversité constitue un problème tout aussi grave et aux conséquences potentiellement dévastatrices pour la vie sur Terre que le dérèglement climatique.