Le déréglement climatique a fait augmenté la mortalité des arbres en France de manière significative.
La forêt française couvre aujourd’hui près d’un tiers du territoire. Mais face à l’augmentation des températures et des sécheresses liées au dérèglement climatique, sa santé de ces écosystèmes se dégrade rapidement.
On estime que d’ici la fin du siècle, plus de la moitié des forêts françaises pourraient changer de visage sous l’effet d’une dégradation massive des arbres, associée à la prolifération des parasites, l’intensification des feux de forêt ou encore l’aggravation des sécheresses.
Un déclin général
Toutes les régions sont touchées. L’Europe, d’une manière générale, subit les mêmes changements. La forêt française ne cesse de s’étendre depuis plusieurs siècles, mais la situation s’inverse sous les effets du dérèglement climatique. Couvrant près de 30 % du territoire, certaines essences disparaissent littéralement de nos forêts : hêtre, sapin, épicéa, orme, frêne, châtaignier…
Les chiffres clés de la forêt
- 30 % : Surface couverte par les massifs forestiers.
- 17,5 millions : Couverture forestière en millions d’hectares.
- 300 000 ha : Surface détruite en moins d’une décennie.
- 600 000 ha : Surface fragilisée dans la même période.
- 30 % : Part de la forêt du Grand Est détruite par les scolytes.
- ×4 : Augmentation des surfaces détruites par les incendies dans la dernière décennie par rapport à la précédente.
- -20 % : Baisse du stockage de CO₂ dans les forêts françaises en 10 ans.
- 185 millions : Nombre d’arbres détruits en 5 ans.
- ×2 : Augmentation de la mortalité des arbres en France (en millions de mètres cubes) entre 2005 et 2022.
- 15,2 % : Part des gaz à effet de serre – GES capturée par les forêts.
- -20 % : Baisse des capacités de stockage en GES sur dix ans.
- 75 % : Part des forêts appartenant à des propriétaires privés.
- 15 milliards : Nombre d’arbres abattus chaque année dans le monde.
- 45 % : Part de la couverture forestière disparue depuis la préhistoire.
Des chiffres qui sont éclairants. Même si les forêts s’étendent encore, la diversité chute et certaines espèces disparaissent rendant ainsi ces écosystèmes encore plus fragiles.
Des écosystèmes évolutifs
Les forêts s’adaptent naturellement aux changements, mais leur rythme est bien trop lent face à l’ampleur du dérèglement climatique. Certaines espèces tentent de s’adapter en se déplaçant vers le nord ou en altitude, tandis que d’autres, comme le chêne, subissent des mutations génétiques. Mais ces ajustements restent insuffisants.
Avec le réchauffement climatique, nos forêts subissent de nombreuses menaces. Elles sont confrontées à des épidémies d’insectes ravageurs. Les forêts d’épicéas sont envahies par le scolyte, un petit coléoptère qui perturbe la circulation de la sève et entraîne la mort prématurée des arbres. Autrefois limité à une génération par an, le scolyte en produit désormais deux, voire trois, aggravant considérablement les dégâts. Cet insecte sort de son hibernation plus tôt et poursuit son activité plus tard vers l’automne du fait de l’augmentation des températures. Les épicéas disparaissent. L’homme les remplace par des essences variées et mieux adaptées aux changements du climat.
Les incendies s’intensifient, avec une saison à risque qui s’étend désormais sur une bonne moitié de l’année. Des feux hors norme ravagent des surfaces plus vastes et menacent davantage les habitations. On se souvient notamment des incendies inhabituels qui ont frappé les monts d’Arrée, dans le Finistère, en 2022, détruisant plus de 2 000 hectares de végétation.
Fin décembre 2024, le cyclone tropical Chido a frappé Mayotte avec des rafales dépassant les 220 km/h, causant des dégâts sans précédent aux infrastructures de l’archipel. Les forêts et les milieux naturels ont également été sévèrement touchés, entraînant une dégradation significative des écosystèmes.
Avec la multiplication et l’intensification des sécheresses, les arbres subissent un stress important. Privés d’eau, ils ne peuvent plus assurer correctement la photosynthèse et doivent puiser dans leurs réserves de carbone pour survivre. Cet affaiblissement les rend plus vulnérables aux attaques d’insectes et aux maladies, accélérant leur dépérissement.
L’augmentation des températures prolonge la saison de végétation, avec un débourrement plus précoce et une sénescence des feuilles plus tardive. Si cela entraîne une hausse de la production des forêts tempérées, cela accroît aussi leurs besoins en eau, intensifiant le stress hydrique lors des saisons sèches.
Des hivers plus doux modifient le cycle naturel des plantes en perturbant la levée de dormance des bourgeons et des graines. Normalement, une période de froid prolongée est nécessaire pour déclencher la reprise de croissance au printemps. Avec des températures hivernales plus élevées, ce processus peut être retardé, irrégulier ou même insuffisant, compromettant la régénération des forêts. Certaines espèces peuvent voir leur développement altéré, tandis que d’autres, moins dépendantes du froid, peuvent en profiter pour s’étendre.