La décroissance (liée à la sobriété) est un concept qui nous oblige à redéfinir le sens que nous voulons donner au monde.
Pour certains, c’est une menace, voire une régression, une idée radicale qui remet en cause des principes profondément ancrés dans les sociétés modernes.
Pour d’autres, c’est la solution face aux dérives du productivisme et à l’épuisement des ressources naturelles. Elle offre une alternative aux modèles économiques actuels. Ce modèle, en défiant l’idée de croissance infinie et en questionnant le dogme occidental du « toujours plus », demeure subversif et suscite de vives réactions.
Penser la décroissance représente un objectif théorique pour beaucoup. Sa mise en pratique est perçue comme un défi économique. Cette idée incarne pour certains le mal. Tandis que pour d’autres, elle demeure salvatrice. Ce modèle reste profondément subversif. Il divise, ne laissant personne indifférent.
Croissance & PIB
La croissance économique comme moteur
Depuis 1950, la croissance économique a permis de nombreuses avancées dans le monde. On peut mettre en avant ces domaines qui ont profité de cette croissance à l’époque:
- Réduction de la pauvreté.
- Amélioration de la santé.
- Éducation.
- Technologie.
- Infrastructures.
La croissance économique a réellement permis de nombreuses avancées dans le monde depuis 1950. Cependant, elle a également entraîné des coûts environnementaux et sociaux. On parle ici de la pollution, des inégalités de revenus et de la dégradation des ressources naturelles. Trouver un équilibre entre la croissance économique et la protection de l’environnement n’a pas semblé réalisable jusqu’à présent. Pas plus en ce qui concerne la prise en compte du bien-être des populations.
Les dégâts du PIB & de la croissance
Lorsque le Covid a frappé, une idée a germé. L’être humain prenait conscience que consommer, produire toujours plus n’étaient pas des objectifs de vie. Mais c’était sans compter sur nos dirigeants politiques et économiques. Ceux-ci ont très vite poussé dans le sens de la consommation, de la croissance infinie… Bien entendu, il fallait maintenir le fonctionnement de l’Etat, de la Sécurité Social et notre système généreux. Il fallait surtout continuer à entretenir ce système qui profite à une classe dirigeante sans scrupule depuis des décennies. Mon grand-père tenait déjà ce genre de propos lorsque j’étais enfant, c’est pour dire! La période post Covid aurait pu être cette pause salvatrice. Une période pendant laquelle nous aurions pu envisager de changer nos modes de vie, même qu’à la marge. Mais non, bien au contraire…
Bref. Oui, cette croissance infinie est une course folle. Son le but est de faire croître le PIB. Les conséquences sont terribles pour nous et la planète d’une manière générale. Ces conséquences ne sont d’ailleurs pas du tout intégrées dans le calcul de cet indice.
Cette course à la production accentue la raréfaction de nombreuses matières premières, la disparition d’espaces naturels pour y installer des outils de production, la pollution des océans, des cours d’eau, de l’air & de surfaces auparavant prospères pour les populations locales.
La croissance suppose aussi le progrès technique. Progrès qui depuis bien longtemps se soucie peu des conséquences sur l’environnement, le climat même si c’est peut-être en train de changer ?
Les économistes diront que sans croissance, pas de travail. Et c’est vrai, le modèle mis en place partout dans le monde et particulièrement dans les pays occidentaux, suppose l’existence de cette croissance afin de générer de nouveaux emplois et de la consommation et donc des taxes qui permettront de payer les charges, sécurité sociale, retraite etc… Sans croissance, il est évident que le système occidental actuel s’effondre.
Décroissance & modération
La décroissance est un concept politique, économique et social qui propose de réduire le productivisme et rejette la croissance économique comme objectif des politiques publiques. Né dans les années 1970, il se base sur l’idée que la croissance du PIB ne garantit ni une meilleure qualité de vie, ni un développement durable et pas plus le bonheur des individus. Le productivisme est vu comme un système responsable du chômage, de la précarité, de l’aliénation au travail et de la pollution. Rien que cela.
L’objectif de la décroissance est de ne plus faire de la croissance un objectif en soi. Dans nos pays, depuis l’après-guerre, nous avons oublié de compter. Nous avons oublié le bon sens (rien à voir avec le bon sens revendiqué outrageusement par certains populistes au niveau mondial). Nous avons oublié ce qu’est le manque et que nous appartenons à une espèce dépendante de son environnement avant d’appartenir à un pays.
Il est certain que le concept de décroissance va à l’encontre de toutes nos croyances & certitudes. Il n’est peut-être pas la solution, mais une nécessité voir même une contrainte et, c’est une évidence que cette décroissance occidentale s’imposera à nous qu’on le veuille ou non, qu’on soit préparé ou pas.
Quand la croissance prend en compte le PIB comme indicateur de bonne santé d’un pays, le concept de décroissance propose de se baser sur la résilience et la soutenabilité. Dans ce système, le bien-être humain est un des indicateurs principaux. On part alors du principe qu’il ne sert à rien de produire si les conséquences de cette production sont néfastes à plus ou moins court terme pour l’Homme et la biodiversité.
La décroissance remet donc en question notre rapport à l’économie et au progrès. Elle nous invite néanmoins à repenser nos modes de vie et notre rapport aux ressources, dans un monde où la poursuite infinie de la croissance semble de plus en plus insoutenable. Qu’on l’accepte ou qu’on la subisse, elle apparaît comme une évolution nécessaire, voire inévitable.
Un projet juste
On le voit bien, la seule solution c’est de modérer notre consommation afin de permettre aux pays émergents de se développer dans des conditions dignes. Nous ne pouvons espérer les amener là où nous en sommes arrivés car ce n’est pas un idéal, loin de là. Nous ne pouvons leur demander des efforts supplémentaires, puisque si nous en sommes là, c’est principalement de notre «faute».
Je sais, je délire. Même si c’est réellement la solution, il est sans doute trop tard. D’autant que nos dirigeants sont à des années-lumière de ces idées. La décroissance des pays «riches» est en réalité la seule solution… sans doute inacceptable en 2025, j’en conviens. Nous sommes allés trop loin dans cette idée de la croissance absolue. Elle s’imposera à nous de toute manière.
Encore une fois, il va falloir aller au bout du bout du système. Il va falloir se fracasser contre le mur des migrations, du développement des populismes, des conditions de vie dégradées. Là seulement nous serons contraints d’accepter le fait de reconstruire un monde basé sur des principes différents de l’actuel.
Cela dit, nos dirigeants drogués à la croissance et à la consommation «ont raison». Si on considère, comme eux, que rien ne doit changer … Alors pas de problème! Si on considère qu’on trouvera toujours une solution technologique, alors oui, la décroissance n’a pas lieu d’être.
Vous l’aurez compris, la décroissance c’est un modèle économique qui vise à rétablir les équilibres dans le monde. La décroissance n’a rien à voir avec la récession. Elle n’est donc pas l’inverse de la croissance. La décroissance, c’est produire autrement. C’est mieux gérer les conséquences de cette production, notamment dans d’autres pays moins favorisés. La croissance oblige à embaucher 10 personnes pour fabriquer et vendre une machine à laver programmée pour être jetée dans les 5 ans. Le modèle décroissant embauchera 5 personnes pour faire le même travail (forcément moins, puisqu’il faudra moins produire) et 5 autres pour assurer la réparation en cas de panne, fabriquer la pièce manquante…
C’est également un modèle écologique. Celui-ci considère qu’il est suicidaire de puiser dans les ressources naturelles sans limite dans un monde non extensible. Enfin, il s’agit d’un projet politique qui vise à replacer l’Homme au centre de la société. En plus il va lui permettre de jouer un rôle actif dans les projets collectifs.