Le manque d’eau douce va devenir une vraie menace existentielle pour les humains.
D’ici 2050, plus de la moitié de la population mondiale souffrira d’un manque d’eau potable, de nombreuses rivières risquent d’être à sec une grande partie de l’année. Les terres agricoles demeureront bien trop arides pour permettre toute culture.
Quel avenir désirable pour nous et nos enfants! Le Programme des Nations unies pour l’environnement tire la sonnette d’alarme. Entre changements climatiques brutaux, urbanisation galopante et surexploitation des ressources, la crise de l’eau s’annonce comme le grand défi du vingt et unième siècle.
Une ressource sous tension
C’est un enjeu majeur qui se joue à l’échelle planétaire. La demande en eau explose sous l’effet de la croissance démographique, de l’urbanisation galopante et du développement économique effréné. La ressource se raréfie, et les conséquences sont déjà dramatiques. Dans de nombreuses régions, l’accès à l’eau potable est un luxe. Des millions de personnes souffrent de maladies liées au stress hydrique : choléra, dysenterie, fièvre typhoïde, faute d’infrastructures sanitaires adaptées. Les agriculteurs, eux, voient leurs cultures s’épuiser et leurs revenus s’effondrer.
Et la situation ne va pas s’arranger. D’ici 2050, 2,3 milliards d’êtres humains vivront sous un stress hydrique extrême. En parallèle, la demande mondiale en eau douce devrait grimper de 20 à 30 %. Déjà aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale, soit 3,5 milliards de personnes, connaît des périodes de pénurie d’eau d’au moins un mois par an.
Les chiffres donnent le vertige. Plus de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable de qualité, et 4 milliards ne disposent pas de services d’assainissement dignes de ce nom. Comme si cela ne suffisait pas, la FAO prévient que la production alimentaire devra bondir de 70 % pour nourrir la planète en 2050. Une pression supplémentaire sur des ressources hydriques déjà exsangues, mettant en concurrence agriculture, industrie et usages domestiques.
Face à ce cocktail explosif, la question de l’eau devient un défi politique de premier ordre. Gouvernements, organisations internationales et citoyens doivent s’atteler, sans tarder, à une gestion durable et équitable de cette ressource vitale. Pour y parvenir, une coopération mondiale sera indispensable. Or, dans le contexte actuel de tensions entre grandes puissances, c’est loin d’être gagné !
Des régions sous tension
Asie : l’épicentre du stress hydrique
L’Asie est en première ligne face à la crise de l’eau. Selon la FAO, d’ici 2050, près de 3,4 milliards de personnes – soit la moitié de la population du continent – vivront sous un stress hydrique extrême. Chine, Inde, Pakistan : ces géants économiques et démographiques sont déjà parmi les plus touchés. Entre urbanisation effrénée, surexploitation des nappes phréatiques et dérèglement climatique, la situation s’annonce critique.
Moyen-Orient et Afrique du Nord
Le manque d’eau est déjà une menace réelle pour les humains et le vivant d’une manière générale, et la tendance ne fera qu’empirer. En 2050, près de 500 millions de personnes seront confrontées à une pénurie chronique. L’Afrique subsaharienne, déjà sous tension, pourrait également voir la situation se détériorer, menaçant la sécurité alimentaire et exacerbant les tensions sociales.
Amérique latine : une ressource en péril
Longtemps perçue comme un réservoir d’eau, l’Amérique latine subit aussi la crise. La FAO estime que 400 millions de personnes seront en situation de stress hydrique d’ici 2050.
Les glaciers andins, qui assurent l’approvisionnement en eau de millions de personnes, fondent à un rythme alarmant. D’ici la fin du siècle, 95 % de leur surface pourrait disparaître, asséchant les rivières et menaçant l’agriculture. En parallèle, les précipitations devraient chuter de 20 % dans certaines régions, aggravant la situation. Avec des températures en hausse de 3 à 5 °C d’ici 2100, l’évaporation accrue des sols et des réservoirs limitera encore davantage la disponibilité en eau.
Europe : l’eau, une menace économique
La raréfaction de l’eau n’épargne pas le Vieux Continent et pourrait avoir des répercussions économiques considérables. L’agriculture, pilier de nombreuses économies européennes, souffrira d’une baisse des rendements, mettant en péril la sécurité alimentaire et les exportations.
L’industrie, qui dépend largement de l’eau pour le refroidissement et la production, connaîtra des périodes de ralentissement, voire d’arrêt, de plus en plus longues et fréquentes. Cela entraînera inévitablement des pertes économiques et des suppressions d’emplois. Même le tourisme, moteur économique essentiel pour certains pays du sud de l’Europe, sera impacté : stations balnéaires privées d’eau, lacs asséchés, restrictions dans les hôtels… De quoi décourager les voyageurs.
Enfin, les infrastructures ne sont pas adaptées à ces bouleversements. Sécheresses prolongées, affaissements de terrain, fissures dans les routes et bâtiments : autant de défis coûteux qui pèseront sur les finances publiques et les économies locales déjà bien fragilisées.
Conflits en cascade
Le manque d’eau pour les humains, la faune et la flore ne se contente pas d’assécher les terres : il attise aussi les tensions et menace d’alimenter de nombreux conflits meurtriers. De la Syrie au Soudan, en passant par Israël et le Mexique, l’accès à cette ressource essentielle est devenu un enjeu stratégique, parfois synonyme de violence.
En Syrie, la sécheresse prolongée entre 2006 et 2009 a été l’un des facteurs aggravants de la guerre civile. En déplaçant 1,5 million de ruraux vers les villes, elle a accentué la crise sociale et politique, créant un terreau fertile pour l’instabilité. Même constat au Darfour, où la désertification a exacerbé les tensions entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires, transformant des rivalités locales en conflits armés.
Au Moyen-Orient, l’eau est une source permanente de friction entre Israël et les Territoires palestiniens. En Cisjordanie, les restrictions imposées sur l’accès aux ressources hydriques renforcent l’instabilité politique et humanitaire. De l’autre côté de l’Atlantique, dans l’État du Chihuahua, au nord du Mexique, des sécheresses chroniques ont poussé, en 2020, des agriculteurs exaspérés à s’opposer violemment aux autorités fédérales, entraînant des morts et des blessés.
Ces exemples illustrent comment la raréfaction de l’eau, exacerbée par le changement climatique, devient un puissant moteur de tensions sociales, de révoltes et, dans certains cas, de guerres ouvertes.
Migrations tous azimuts
L’eau, ou plutôt son absence, pousse également des millions de personnes à l’exil. D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), jusqu’à 150 millions de personnes pourraient être contraintes de fuir leur région d’ici 2050 à cause du manque d’eau, principalement à l’intérieur des frontières nationales, mais aussi au-delà.
Chaque année, 12 millions de personnes migrent en raison de la sécheresse. En Afghanistan, 2,3 millions d’humains ont quitté leur foyer en 2018, chassées par la menace d’un manque d’eau chronique. En Somalie, la situation est encore plus critique : en 2019, 2,6 millions de Somaliens ont dû fuir des terres devenues inhabitables.
Ces migrations massives vont accroître les tensions géopolitiques. Des régions déjà fragiles seront soumises à des pressions migratoires inédites, mettant à rude épreuve les infrastructures et les politiques d’accueil. L’eau, bien plus qu’un simple besoin vital, devient ainsi une question de survie géopolitique, économique et humaine.
Partout, les signaux d’alerte se multiplient. D’ici 2050, les tensions sur l’eau provoqueront des crises humanitaires, des conflits géopolitiques et des bouleversements économiques majeurs. La gestion de cette ressource vitale est désormais un enjeu politique central, qui nécessitera une coopération mondiale et des politiques radicales. L’eau ne sera plus seulement un bien commun : elle devient un enjeu stratégique de survie. Malheureusement, et c’est à craindre, avec l’arrivée de dirigeants populistes, protectionnistes ou pire, il est plus probable que nous entrions dans le monde du « plus fort » et que la recherche de coopération disparaisse au profit d’une logique d’accaparement des ressources. Le début de la fin…