Envisager une réduction drastique de nos déplacements non professionnels ou non contraints peut-il avoir un réel impact, notamment dans la lutte contre le dérèglement climatique ?
L’individu peut-il vraiment changer le monde en changeant ses pratiques quotidienne ?
Le monde moderne nous pousse à consommer, souvent au détriment des efforts que nous devons faire tous les jours pour rester en bonne santé. La société valorise la facilité, mais cette logique est loin d’être idéale ou souhaitable. En agissant à notre niveau, nous pouvons initier un changement réel, sans attendre des actions directives venues de nos dirigeants. Nous allons le comprendre avec l’utilisation du vélo dans tous les petits déplacements du quotidien. Ceux-ci, par leur répétition, sont pénalisants pour notre santé et pour la planète.
Réduire ses déplacements : un défi
Bien entendu, l’idéal serait de mettre la voiture au rebut. Nous pourrions alors profiter de la marche ou des transports collectifs pour tous nos déplacements. Une fois qu’on a dit cela, on n’a rien dit. Il est difficile de renoncer à la voiture pour tous les trajets professionnels ou personnels, surtout en dehors des grandes villes. Malgré tout, certains déplacements peuvent être évités facilement, sans trop de contraintes.
Je suis un exemple de ce dilemme qui oppose protection de l’environnement et intérêts personnels. Vivant dans une petite commune à moins de 10 km d’une ville de taille moyenne, j’utilise ma voiture pour aller travailler. Je fais du covoiturage assez régulièrement. Cependant, je ne peux pas me débarrasser de mon véhicule.
Chez moi, pas de transport collectif cohérent pour me rendre au travail ou en ville. Le remplacement de la voiture par un autre moyen de transport reste compliqué. J’ai bien pensé à aller en ville en vélo mais si c’est pour ramener les courses du week-end, cela va être compliqué ! Et puis, pour les personnes qui sont plus éloignés en plein milieu rural, cette solution parait complexe voire impossible à mettre en place. Plein de raisons peuvent être des freins : santé, météo, temps disponible, encombrement etc … Sans parler des enfants à aller récupérer au foot ou à l’école.
Alors, on va me dire : « Prends ta voiture électrique ». C’est vrai, pendant l’utilisation celle-ci ne pollue pas ou peu. Pour autant, la voiture électrique n’est pas idéal car elle pollue avant sa mise en circulation et ensuite en fin de vie. Extraction des métaux, recyclage des batteries sont autant de points noirs. Cela dit, il est vrai que l’électrique pollue très peu pendant l’utilisation et n’émet que peu de GES. Autre problème : les bornes de recharge sont rares dans ma région, et tout le monde ne peut s’offrir un véhicule électrique qui reste trop cher à l’achat. Alors que faire ?
L’impact des petits gestes
Il existe un discours facile qui explique que les petits gestes ne servent pas à grand chose. Pourtant, changer nos habitudes permet de minimiser notre impact sur la nature. Bien entendu, il est clair que nous devons parallèlement changer nos modes de vie. Notre vision du monde doit évoluer et nous devons lui redonner un nouveau sens. Mais oui, il est possible de réduire son empreinte carbone sans changer de vie radicalement. J’ai décidé de troquer ma voiture pour des solutions plus écologiques. J’utilise le train pour les longues distances et la marche ou le vélo pour les petits trajets. Ces gestes, bien que modestes, comptent.
Ainsi, chaque matin, je me rends à la boulangerie à pied, à un kilomètre de chez moi. Cela me prend à peine deux minutes de plus qu’en voiture, et je profite des bienfaits de la marche. En hiver, c’est plus difficile, mais je m’efforce de garder cette habitude.
Des chiffres concrets
Revenons sur mes trajets matinaux qui n’ont qu’un seul but, transporter une baguette destinée au petit déjeuner:
- Temps en voiture de l’aller-retour: 10 minutes en moyenne. Pour réaliser ce trajet, je dois ouvrir la porte de garage électrique et la refermer à mon retour. Je démarre et arrête deux fois le véhicule.
- Temps à pieds avec la descente au pas de course par beau temps: 13 minutes en moyenne / 15 grosses minutes en hiver.
C’est clair, pour 2 ou 3 minutes de moins par temps acceptable, je peux faire le trajet à pieds, me faire du bien au niveau santé et ne pas utiliser mon véhicule.
Un peu de mathématiques:
- 2 km aller-retour par jour et ceci à peu près 300 jours par an. Environ 600 km à l'année. Prenons mon véhicule qui émet environ 110 g de CO2 par km / par personne. En réalisant cet effort, j'économise un peu moins de 70 kilogrammes de CO2 par an.
Là aussi on pourrait me dire que le gain est minime même s’il représente quand même un aller et retour en Baie de Somme au bord de la mer … que du plaisir!
Ce n’est pas fini, au moins trois ou quatre fois par semaine, je retournais en ville pour faire une course alimentaire ou autre. Je me suis forcé au début à ne jamais retourner faire une course si j’avais déjà effectué un déplacement dans la journée pour le travail ou autre. Si au démarrage, la frustration était présente et parfois grande car les habitudes sont tenaces, je n’y pense même plus maintenant ! Je gagne du temps pour faire autre chose: seule contrainte, m’organiser pour faire ces courses au cours d’un déplacement contraint.
Encore un peu de mathématiques:
- 20 km aller retour par jour et ceci à peu près 150 jours par an. En gros 3000 km à l'année. Prenons mon véhicule qui émet toujours 110 g de CO2 par km / par personne. En supprimant ces déplacements,j'économise un peu plus de 300 kilogrammes de CO2 par an.
Au total près de 400 kilogrammes de CO2 économisés en supprimant ces petits trajets bien souvent inutiles. Rappelons que l’empreinte carbone des Français représentait environ 10 tonnes équivalent CO2 (t CO2 éq) par habitant en 2021. C’est à dire au moins cinq fois plus que ce qui serait acceptable pour réduire significativement notre impact sur le climat et atteindre la neutralité carbone en 2050.
Impact global
En France, il y avait environ 40 millions de voitures en circulation en 2022. Si seulement la moitié de ces voitures étaient utilisées pour des trajets non essentiels comme les miens, cela représenterait une économie de 8 millions de tonnes de CO2 par an. Ce chiffre n’est pas négligeable.
Les émissions de CO2 des voitures thermiques représentent environ 15 à 20% des émissions nationales. Réduire les déplacements non essentiels de manière collective permettrait de réduire ces émissions de 2 % chaque année.
Si mes chiffres ne sont qu’un exemple d’une situation bien spécifique, l’idée reste valable : l’action individuelle compte. Réduire ses déplacements, même modestement, a un effet tangible. En plus de diminuer l’empreinte carbone, cela réduit les dépenses en carburant, les frais de maintenance et améliore notre santé. Finalement, marcher ou faire du vélo n’est pas seulement bon pour la planète, c’est aussi bénéfique pour notre corps. C’est un véritable « tout bénef » !