Lundi 28 avril 2025, l’Assemblée Nationale aurait dû bruisser du débat sur la souveraineté énergétique et pourtant, le silence a régné dans un hémicycle quasi vide! À peine une dizaine de députés présents pour discuter de la programmation pluriannuelle de l’énergie – PPE3, feuille de route cruciale pour notre avenir énergétique. Une scène consternante, alors que les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi pressants.
Un débat essentiel ignoré
La PPE3 devait être prête mi-2023. Deux ans plus tard, elle reste en suspens. Ce texte vise à planifier notre production d’énergie pour les dix prochaines années. Faut-il relancer le nucléaire ? Déployer massivement les renouvelables ? Réduire notre consommation ? Aucun consensus ne se dessine.
Le Premier Ministre l’a rappelé ce lundi : l’actuelle feuille de route est « obsolète ». Elle prévoit encore la fermeture de douze réacteurs nucléaires, alors que le gouvernement appelle désormais à la relance du secteur. Les objectifs de sobriété semblent irréalistes face aux besoins croissants d’une société toujours plus électrifiée.
Et pourtant, le décret attendra encore. Officiellement, il arrivera « avant l’été ». Peut-être. Ce report illustre l’indécision d’un pouvoir incapable de trancher entre dogmes énergétiques et stratégies à long terme. Entre renouvelables, nucléaire et sobriété, la France patine.
Une absence coupable
Ce qui choque, ce n’est pas le désaccord. C’est l’indifférence. Moins de 2 % des députés étaient présents pour ce débat sans vote. Une poignée, dans une salle aux bancs clairsemés, pendant qu’à l’extérieur, les rapports s’accumulent et que la planète chauffe. Où étaient les 567 autres ? Ils s’agitent parfois pour commenter un fait divers ou s’opposer bruyamment sur des sujets plus porteurs médiatiquement. Mais sur l’avenir énergétique, rien. Silence radio. Certains partis passent leur temps à mettre en avant ce débat sur l’énergie et s’en servent comme d’un totem. Mais le jour où ils ont leur mot à dire … Personne. N’ont-ils sans doute rien d’autre à dire que des mots creux ?
C’est une insulte à la démocratie. Et surtout, à la jeunesse qui demande un cap clair et pour qui l’éco-anxiété est un réel sujet. À ceux qui paient déjà les conséquences du dérèglement climatique : sécheresses, inondations, flambée des prix de l’énergie.
Selon RTE, la France devra réduire sa consommation d’énergie de 40 % d’ici 2050 pour respecter ses engagements climatiques. Cela suppose des décisions fortes, immédiates, collectives. Pas une salle vide et des décisions sans courage.
Une impuissance criante
Cette absence révèle un mal plus profond : l’inertie politique face à l’urgence. La transition énergétique est sans doute l’un des défis les plus complexes du siècle. Pourtant, nos institutions la traitent comme un simple ajustement technique. Pas comme un projet de société. Depuis des années, chaque PPE se heurte à des querelles de chapelle. Parfois trop de nucléaire ? Tantôt trop d’éoliennes ? Ou encore trop de contraintes ? L’écologie ne doit pas être punitive … Le débat tourne en rond. Les lobbies s’invitent à la table, mais pas les citoyens. L’exécutif a renoncé à un projet de loi en 2024 pour éviter une « guerre de religions ». Désormais, il impose un décret. C’est l’aveu d’un système qui préfère l’évitement à la délibération.
Lundi, l’Assemblée était vide. Mais dehors, le thermomètre, lui, continue de grimper. La température moyenne mondiale a franchi les +1,5 °C pendant plusieurs jours cet hiver. Les experts préviennent : le temps des demi-mesures est révolu. La PPE3 aurait dû être un moment-clé. Un sursaut. Elle est devenue le symbole de notre retard et de notre manque criant de courage. L’avenir énergétique ne se construira pas sans ce courage, ni sans représentation digne de ce nom. Il est temps que les élus soient à la hauteur des enjeux qu’ils prétendent incarner. Car leur absence aujourd’hui hypothèque nos lendemains. Et chaque jour de plus sans décision creuse le fossé entre les discours et les actes, entre les citoyens et leurs représentants !