Face à l’urgence climatique, l’Accord de Paris, un traité international sur le climat, a marqué un tournant historique dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Ce traité mondial engage tous les pays signataires à limiter le réchauffement climatique. Dix ans après son adoption, faisons un petit point sur les origines, les objectifs et tirons un premier bilan.
Un accord universel né en 2015
Adopté le 12 décembre 2015 lors de la COP21, l’Accord de Paris réunit 196 pays. Il vise à contenir l’augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2°C. Il encourage aussi les efforts pour ne pas dépasser 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.
Le traité est entré en vigueur le 4 novembre 2016. Il repose sur des contributions nationales volontaires ou NDC mises à jour tous les cinq ans. Un cadre de transparence renforcée permet un suivi clair et régulier et de rendre compte des progrès . Un bilan mondial tous les cinq ans aide à ajuster les stratégies. L’objectif initial était d’atteindre -43 % d’émissions de GES en 2030, -60 % en 2035, et la neutralité carbone en 2050. C’est mal parti. Chaque pays y précise ses actions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Cet Accord de Paris fixe trois grandes priorités :
- Limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C.
- Renforcer l’adaptation aux impacts climatiques.
- Mobiliser des financements pour aider les pays vulnérables. L’Accord prévoit un soutien financier et technique aux pays en développement. Les pays riches doivent fournir 100 milliards de dollars par an. Ce financement aide à l’atténuation, à l’adaptation, et au transfert de technologies.Le mécanisme technologique accélère les innovations vertes. Le renforcement des capacités soutient les pays à faible niveau de développement. Là aussi, c’est la théorie de départ.
Quasiment aucune de ces priorités n’est en passe d’être atteinte dans les délais fixés en 2015.
Des progrès bien insuffisants en 2025
L’Accord de Paris a lancé une dynamique globale. En 2025, les émissions ne suivent pourtant pas encore une trajectoire compatible avec l’objectif 1,5°C. Selon le bilan de l’ONU, le monde s’éloigne des objectifs de l’accord de Paris, notamment celui de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Les émissions mondiales doivent diminuer de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2019 pour rester dans cette limite.
Le rapport insiste sur l’urgence d’agir simultanément sur tous les fronts climatiques, sans délai.
Il appelle à abandonner tous les combustibles fossiles sans captage de CO₂ et à développer massivement les énergies renouvelables.
Les efforts actuels restent insuffisants malgré certaines avancées, notamment en Europe et aux États-Unis.
Ce bilan mondial sert de base aux prochaines négociations de la COP28 à Dubaï, très attendues.
- En 2014, dans son cinquième rapport, le GIEC prévoyait une hausse des températures comprises entre 2,1 et 4,8 °C d’ici la fin du siècle.
- En 2024, la température moyenne mondiale a dépassé, pour le douzième mois d’affilée, de 1,5 °C les niveaux enregistrés avant l’ère industrielle.
- Selon le GIEC, avec un rythme de +0,26 °C par décennie, le seuil de +1,5 °C sera franchi dès 2030/2035, bien avant l’échéance de 2100.
- Toujours d’après le GIEC, la planète pourrait connaître un réchauffement de 3 °C entre 2080 et 2100 si les tendances actuelles se poursuivent.
90 % des pays ont désormais des objectifs chiffrés. 80 % couvrent presque tous les secteurs économiques. Mais cela ne suffit pas.
Une sortie, un retour et une sortie
En 2017, Donald Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Ce départ a ralenti la dynamique mondiale. Il a aussi affaibli l’unité des pays autour du climat. Mais en 2021, dès son arrivée, le président Joe Biden a fait réintégrer les États-Unis dans l’accord. Cette décision a relancé l’engagement américain. Elle a donné un nouveau souffle aux actions climatiques internationales. Enfin, depuis peu, avec la victoire de Donald Trump, retour à la case départ pour les États-Unis. Si on ajoute une volonté de développer l’industrie pétrolière et de sabrer les agences chargées de la protection de l’environnement, on peut raisonnablement penser qu’atteindre les objectifs de 2015 va devenir mission impossible.
L’Accord de Paris reste donc un pilier essentiel de la lutte contre le dérèglement climatique. En 2025, des progrès importants ont été réalisés. Pourtant, les actions doivent s’intensifier dès maintenant car nous sommes toujours en dessous des objectifs fixés en 2015.