Les études en terme de pollution de l’aviation se suivent et vont toutes dans le même sens : les jets privés émettent de plus en plus de CO₂, contribuant fortement au dérèglement climatique.
Leur usage a explosé ces dernières années, notamment pour des trajets courts, parfois évitables. Pourtant, ces avions de luxe restent peu régulés. Face à cette pollution massive, les appels à une taxation plus stricte ou à des interdictions se multiplient.
Des chiffres implacables
L’étude publiée dans « Communications Earth & Environment » montre que les émissions de CO₂ des jets privés ont augmenté de 46 % entre 2019 et 2023. Cette hausse résulte de l’augmentation du nombre de jets, des vols et des distances parcourues. En 2023, ces appareils ont rejeté 15,6 millions de tonnes de CO₂, équivalant aux émissions annuelles de près de 3 millions de Français.

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Bien que les utilisateurs de jets privés représentent seulement 0,003 % de la population mondiale, leurs voyages sont responsables de 1,7 à 1,8 % des émissions de CO₂ de l’aviation commerciale. Les vols à vide et les courts trajets sont fréquents, exacerbant l’impact écologique.
Une autre publication, cette fois dans MédiaPart, nous apprenait qu’entre mai 2023 et avril 2024, une cinquantaine de jets privés français ont effectué 11 000 vols, parcourant 11 millions de kilomètres, soit 272 fois le tour de la Terre. Ces trajets ont généré 80 000 tonnes d’équivalent CO₂, remettant en question la responsabilité des plus riches dans le dérèglement climatique.
Les principaux responsables sont les avions d’affaires de grandes entreprises françaises, chacun consommant l’équivalent de plusieurs siècles d’empreinte carbone d’un Français « moyen ». Des footballeurs professionnels ont réalisé de multiples trajets en jet pour se rendre à quelques centaines de kilomètres de leur point de départ!
L’utilisation croissante de ces jets privés, souvent pour des trajets courts (une grande partie de ceux-ci ne dépasse pas 500km!), soulève donc des questions d’équité et de justice climatique.
Que faire ?
Difficile d’imaginer qu’on puisse leur interdire d’utiliser leurs joujoux. Alors sans doute faut-il taper au porte-monnaie. Les experts suggèrent des mesures telles que des taxes plus élevées sur les émissions de CO₂ ou des interdictions pures et simples des jets privés pour freiner cette tendance nuisible à l’environnement.
La France, en particulier, est le pays de l’Union européenne ayant le plus gros impact de jets privés, en nombre de vols et en émissions de CO₂ générées. Les chercheurs appellent à une régulation, incluant une taxe carbone, pour freiner cette tendance. En 2023, une proposition de loi pour interdire les vols de jets privés a été rejetée, mais une nouvelle taxation des passagers pourrait être mise en place bientôt.
L’essor de la pollution liée à l’utilisation des jets privés illustre une inégalité dont nous sommes tous conscients et victimes. Alors que la crise climatique s’aggrave, des régulations plus strictes deviennent indispensables. Taxer davantage ces vols ou limiter leur usage pourrait freiner cette pollution excessive et favoriser une transition plus juste. Encore un rêve pieux …