L’Union Européenne et la France augmentent fortement leurs dépenses militaires avec un budget militaire à la hausse qui donne une priorité au financement de l’industrie de l’armement.
L’écologie passe au second plan. Ce choix stratégique compromet la transition énergétique et les engagements climatiques. Mais à bien y regarder, ce mouvement était déjà engagé : baisse des crédits alloués à la rénovation énergétique dans le budget 2025, allègement des contraintes réglementaires … Inquiétant quand on sait que le dérèglement climatique n’en est qu’à ses débuts!
La règle des 3%
La règle des 3 % de déficit public du budget de chaque état a été instaurée pour assurer la stabilité économique de l’Union européenne. Le traité de Maastricht en 1992, fixe le déficit public maximal à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % du PIB.
Ces critères visaient à harmoniser les économies des États membres avant l’adoption de l’euro. En 1997, le Pacte de stabilité et de croissance a renforcé ces règles pour garantir leur respect continu.
Cependant, des événements comme la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19 ont conduit à des assouplissements temporaires de ces règles pour soutenir les économies européennes. Cette crise militaire provoque les mêmes réactions alors nos dirigeants n’ont jamais considéré la crise écologique comme suffisamment importante pour réagir ainsi. Révélateur.
En 2024, la France n’a pas respecté la limite européenne de 3 % du déficit public. Le déficit a atteint 6,1 % du PIB, bien au-delà du seuil autorisé. La dette publique a également augmenté, atteignant plus de 110 % du PIB au deuxième trimestre 2024. Face à cette situation, le gouvernement a annoncé des mesures pour réduire le déficit à 5 % en 2025. Tout cela en combinant économies budgétaires et hausses d’impôts. L’écologie est une des premières victimes de ces économies…
Une question de priorité
Lorsqu’une crise politique et militaire intervient, l’UE et les Etats sont prêts à oublier les critères d’équilibre budgétaires. Lorsqu’une crise écologique majeure est là, devant nous mais déjà bien présente et visible, on recule. C’est vraiment surprenant de constater cette différence d’approche. Poutant, les deux crises sont bien actuelles.
Alors oui, après avoir imposé cette règle des 3%, l’Union européenne a annoncé un plan de 800 milliards d’euros pour renforcer sa défense. Ce programme, nommé « ReArm Europe« , vise à accroître les capacités militaires des États membres. Les dépenses de défense seront temporairement exclues des critères de déficit, offrant ainsi une plus grande flexibilité budgétaire. Cependant, cette orientation soulève des inquiétudes quant à la priorité accordée à l’industrie de l’armement au détriment des initiatives écologiques. Les investissements massifs dans la défense limiteront inévitablement les fonds disponibles pour les projets environnementaux.
En France déjà, le budget de la défense atteindra près de 60 milliards d’euros en 2025, conformément à la loi de programmation militaire 2024-2030. Cette augmentation de plusieurs milliards par rapport à 2024 témoigne de la volonté du pays de renforcer ses capacités militaires. Le ministre des Finances a souligné la nécessité d’accroître rapidement les dépenses de défense, malgré les contraintes budgétaires. On parle d’un objectif d’une centaine de milliards d’euros à court terme. Compréhensible lorsqu’on observe les réactions du président américain.
Cette priorité donnée à l’industrie de l’armement se fait et va se faire au détriment des investissements écologiques. Ainsi, la France réduit ses engagements en matière de développement durable en favorisant les dépenses militaires. Forcément, après une gestion calamiteuse des finances publiques pendant près de 50 ans, pas facile d’augmenter tous les budgets d’un coup. C’est tout de même frappant et affligeant de constater cet écart dans la prise en compte de l’urgence militaire par rapport à celle de l’urgence environnementale …