La SNB 2030 est un projet qui vise à enrayer le déclin de la biodiversité en France.
La Stratégie nationale pour la biodiversité 2030 traduit, à l’échelle nationale, l’accord international adopté lors de la COP15. Il réaffirme l’engagement de la France en faveur de la biodiversité.
Elle définit la trajectoire à suivre pour atteindre les objectifs fixés en matière de biodiversité à l’horizon 2050. Elle a été élaborée à l’issue de consultations territoriales et nationales, et a été présentée le 20 juillet 2023 au Ministère de la Transition écologique. Un projet complet et ambitieux qui mérite d’être soutenu, même si son application intégrale risque de se révéler plus que complexe.
Un cap clair
Face à l’érosion rapide de la biodiversité, la Stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB 2030) est un projet ambitieux visant à restaurer et préserver les écosystèmes. Elle repose sur 20 mesures clés, parmi lesquelles :
- Limiter l’artificialisation des sols pour préserver les milieux naturels.
- Restaurer les écosystèmes dégradés afin de renforcer la résilience de la nature.
- Protéger les espèces menacées et enrayer leur disparition.
- Améliorer les pratiques agricoles et halieutiques pour une gestion durable des ressources.
- Sensibiliser et mobiliser l’ensemble de la société autour de l’urgence écologique.
Face à l’urgence écologique, la Stratégie nationale biodiversité 2030 incarne l’engagement de la France pour stopper et inverser l’effondrement du vivant. Elle traduit, à l’échelle nationale, les engagements pris au niveau international. Elle se base notamment la Convention sur la diversité biologique, adoptée lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 et la COP15 de Montréal qui a fixé un cadre mondial ambitieux pour enrayer la perte de biodiversité.
Dès son introduction, la SNB 2030 rappelle des chiffres marquants, notamment la perte de 30 % des populations d’oiseaux en milieu agricole. La Première ministre de l’époque soulignait l’ampleur de l’enjeu avec un engagement sans équivoque :
La biodiversité est inestimable. Nous devons la protéger. Grâce à la planification écologique, dans le cadre de cette Stratégie nationale biodiversité, nous y parviendrons. L’enjeu est immense. Nous sommes mobilisés.
La SNB 2030 propose de mobiliser tous les acteurs : collectivités, entreprises, associations, citoyens. En intégrant les impératifs écologiques dans l’ensemble des politiques publiques, elle constitue un outil essentiel pour bâtir un avenir durable. C’est en tous cas la volonté affichée!
Des objectifs concrets et mesurables
La SNB 2030 fixe des cibles ambitieuses pour 2030 et 2050, en cohérence avec les engagements internationaux :
- Réduire de 50 % le risque global lié aux pesticides, afin de protéger la qualité des sols, de l’eau et la santé humaine.
- Restaurer 30 % des écosystèmes terrestres et marins dégradés, un levier essentiel pour améliorer la qualité de l’air, de l’eau et la biodiversité.
- Protéger 30 % du territoire terrestre et marin, dont 10 % sous protection forte, pour préserver les habitats et les espèces.
- Réduire de 50 % l’introduction des espèces exotiques envahissantes, qui menacent les écosystèmes naturels et les activités humaines.
- Stopper l’extinction des espèces due aux activités humaines d’ici 2050, afin de préserver la diversité du vivant
La SNB 2030 s’appuie sur une approche multisectorielle et mobilise tous les acteurs : collectivités, entreprises, associations, citoyens. Elle constitue un outil essentiel pour bâtir un avenir durable.
Passer de l’intention à l’action politique
L’ambition est là, le projet est clair. À l’échelle nationale, la SNB 2030 devra cependant surmonter de nombreux obstacles pour éviter de rester un simple catalogue de bonnes intentions. Voici quelques-uns des freins majeurs à sa mise en œuvre :
- Un financement colossal à mobiliser
La SNB 2030 nécessitera des dizaines de milliards d’euros pour être efficace. L’État, les collectivités, les entreprises et les citoyens devront contribuer, mais la question des moyens reste cruciale. Difficile d’expliquer aux Français qu’il faudra peut-être augmenter les impôts pour sauver une zone humide… et pourtant, c’est indispensable ! - Une volonté politique à toute épreuve
Un tel projet exige un engagement politique fort et durable, au-delà des mandats électoraux. Le passé nous montre que nos politiques ont rarement géré le pays avec des objectifs dépassant la durée de leur mandat! - Des résistances économiques inévitables
Certaines mesures vont bousculer des secteurs économiques et susciter des oppositions. Trouver un équilibre entre protection de la biodiversité et développement économique sera un exercice périlleux. En France, la solution passe souvent par des aides financières… mais avec un budget public sous tension, qui en bénéficiera ? Comme toujours, les plus influents seront avantagés, et les compromis risquent d’affaiblir les ambitions initiales. - Un public encore trop peu sensibilisé
La biodiversité, tout le monde s’en soucie… en apparence. Mais combien de personnes accepteraient réellement de voir un chantier stoppé pour protéger une espèce, de laisser pousser l’herbe dans leur jardin ou de sauver une araignée plutôt que de l’écraser ? Changer les mentalités demande du temps, des efforts et une vraie pédagogie.
Nous verrons bien avec le temps si tout cela n’était qu’un ensemble de belles promesses ou une réelle volonté de changer le monde. Il faut l’espérer, car nous n’avons plus le choix. Sans obstination et courage politique, ce projet, pourtant ambitieux et nécessaire, finira oublié sur une étagère d’un ministère. Avec les récents événements politiques en France et la baisse du budget alloué à l’écologie, on peut sérieusement craindre que 2025 ne soit pas l’année de la SNB. Un beau projet sur le papier… mais qu’en sera-t-il pour la biodiversité ?