La notion de résilience écologique s’impose comme un concept clé pour comprendre comment les écosystèmes et la planète réagissent et s’adaptent aux perturbations. Un écosystème résilient est capable d’absorber les chocs et de s’ajuster aux nouvelles conditions. Dans certains cas, il peut retrouver son état initial ou évoluer vers un nouvel équilibre. Si cette résilience est admirable, elle a cependant ses limites, limites que l’humain dépasse année après année…
Résilience écologique: définition
La résilience écologique désigne la capacité d’un écosystème à retrouver son état initial après avoir subi une perturbation. Cette perturbation peut être d’origine naturelle ou anthropique, c’est-à-dire liée à l’intervention humaine. Ce concept, apparu dans les années soixante-dix, souligne l’importance de la biodiversité dans la stabilité des écosystèmes. Plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est résilient face aux perturbations.
En France, la notion de résilience écologique figure dans la Loi Climat et Résilience de 2021, issue des travaux de la Convention Citoyenne pour le Climat. Ce texte s’intéresse à la forêt, reconnue pour ses fonctions écologiques et économiques, et qui est au cœur des enjeux de résilience. La forêt est à la fois un puits de carbone et une source de biodiversité.
Le texte dit : « […] en prenant en compte la problématique du changement climatique afin de favoriser la résilience des forêts en mobilisant l’ensemble des techniques sylvicoles, notamment la diversification des essences, la migration assistée ou la régénération naturelle quand elles sont appropriées.«
Ou encore : « Le Code forestier vise en particulier à renforcer la résilience du patrimoine forestier et à garantir dans toutes les forêts une gestion durable et multifonctionnelle des ressources forestières, permettant à la fois de valoriser les forêts en tant que milieu naturel et puits de carbone et de développer les filières économiques françaises liées au bois.«
Plus un écosystème est diversifié, plus il a de chances de retrouver son équilibre après un choc. Biodiversité et résilience sont donc deux notions totalement interdépendantes.
La forêt: un milieu résilient
À l’origine de la définition de cette notion de résilience écologique (de la planète), on trouve un chercheur américain, David Tilman. Celui-ci avait observé qu’une prairie riche en diversité résistait bien mieux aux diverses perturbations auxquelles elle était soumise, qu’elles soient d’origine biotique (naturelle) ou abiotique (humaine).
Certaines forêts, comme les pinèdes, développent des mécanismes de résilience face aux incendies. Les pins possèdent des cônes sérotineux qui libèrent leurs graines sous l’effet de la chaleur. Ce mécanisme permet ainsi la régénération rapide de la forêt après le passage du feu. Les pins maritimes stockent leurs graines dans ces cônes fermés par la résine. Ces graines peuvent rester en dormance pendant plusieurs années, en attendant des conditions propices à la germination. Lorsqu’un incendie survient, la chaleur fait fondre la résine, entraînant l’ouverture des cônes et la libération des graines. Les pins seront ainsi les premières espèces à recoloniser la zone incendiée. C’est un des meilleurs exemples de la résilience de certaines espèces…
Il suffit de penser aux forêts entourant la commune du Muy, dans le Var, pour se rendre compte qu’à chaque fois que des incendies ont détruit des hectares de pins, ceux-ci resurgissent dans les années suivantes.
Océans et cours d’eau
Les récifs coralliens subissent parfois un blanchissement en raison de l’augmentation de la température de l’eau. Si les conditions redeviennent favorables, certains coraux récupèrent et restaurent l’écosystème récifal. Cependant, des perturbations répétées ou prolongées dépassent parfois la capacité de résilience des coraux, entraînant une dégradation permanente, c’est-à-dire leur mort.
Lorsqu’une pollution contamine une rivière, la qualité de l’eau se détériore, affectant ainsi la faune et la flore aquatiques. Si l’on parvient à éliminer la pollution et à mettre en place des mesures de restauration, la rivière retrouvera progressivement son état initial. Des espèces indigènes reviendront s’installer et participeront à la restauration des fonctions écologiques.
En mars 2021, une rupture d’infrastructure de stockage de lisier avait provoqué le déversement de plusieurs tonnes de lisier dans la Laize, près de Caen. Cette pollution avait entraîné la perte de près de 70 % de la population piscicole, notamment des truites fario, très présentes. Depuis cet incident, des associations de pêche ont œuvré pour favoriser la reproduction des poissons. La truite fario est revenue petit à petit, et la rivière reprend ses allures d’autrefois.
La résilience écologique est donc essentielle pour assurer la pérennité des écosystèmes face aux défis environnementaux actuels. Elle repose sur la diversité biologique et nécessite des actions concertées. Ces actions doivent être mises en œuvre tant au niveau législatif que local, afin de renforcer la capacité des milieux naturels à s’adapter et à se régénérer.
Il est donc facile de comprendre que, pour qu’un écosystème soit résilient, il doit regorger de biodiversité. Gardons bien cette notion à l’esprit, car la résilience écologique nous rappelle que la planète et le vivant ont cette capacité à subsister même après une éventuelle extinction humaine. L’inverse n’est pas vrai, et ça change tout.