L’idée de repeindre les villes pour lutter contre les effets de la chaleur peut être une solution. Pas si sûr…
Actuellement, l’une des problématiques majeures des zones urbanisées réside dans leur teinte généralement sombre.
Repeindre les villes en blanc pour lutter contre les effets de la chaleur pourrait alors devenir une idée géniale. Cette caractéristique se révèle contreproductive lors des épisodes de fortes températures. Elle implique la nécessité de reconsidérer la palette de couleurs utilisée pour les routes et les constructions. Les teintes sombres, telles que le noir et le gris foncé du béton, tendent à absorber la chaleur. Ces couleurs favorisent son accumulation, tandis que des nuances plus claires, comme le blanc, ont la propriété de réfléchir la lumière du soleil.
L’effet Albédo
L’Albédo représente la proportion du rayonnement solaire renvoyée par la surface terrestre par rapport au rayonnement reçu. Cet indice s’exprime en pourcentage. Plus la surface absorbe de rayonnement, moins elle en réfléchit. Cela entraîne un réchauffement de cette surface. Ainsi, les revêtements de sol et les enveloppes de bâtiments sombres, comme le noir ou le gris foncé du béton et de l’asphalte, possèdent un albédo faible. Ils absorbent une grande quantité de rayons solaires, provoquant un échauffement considérable. À l’inverse, les surfaces de couleur claire, notamment le blanc, ont un albédo élevé et réfléchissent mieux les rayons du soleil.
Plus le revêtement est clair, plus il réfléchit la lumière. En revanche, plus le revêtement est sombre, plus il absorbe les rayons du soleil et a un albédo faible. C’est pour cette raison, qu’en été, on privilégie tous les vêtements blancs plutôt que le noir qui tient la chaleur.
Albédo et chaleur
C’est en lien avec cet effet Albédo que l’idée de repeindre les villes pour lutter contre les effets de la chaleur a germé dans la tête de scientifiques et des décideurs. L’idée est loin d’être farfelue, même si, nous allons le voir, elle n’est pas si simple à mettre en place.
Ainsi, des entreprises ont mis au point des peintures ayant la capacité de réfléchir plus de 90 % des rayons solaires. Ces peintures permettent de réduire la température intérieure d’une pièce de presque 10 °C. Plus besoin de climatisation ! Les surfaces recouvertes de cette peinture conservent leur fraîcheur, même après avoir été exposées au soleil. À plus grande échelle, cette innovation pourrait être utilisée sur les véhicules et les engins industriels.
Actuellement, Los Angeles, où les températures estivales dépassent largement les 40 degrés Celsius, teste ces peintures. On a repeint quelques rues avec un revêtement spécial de couleur blanche légèrement grisée. On constaterait une baisse de 5 à 7 degrés Celsius. Ce serait un rempart contre les îlots de chaleur que sont devenues les grandes métropoles.
On pourrait appliquer dans ce cas la technique sur le toit des maisons individuelles, sur les bâtiments publics, les toits des entreprises etc… Est-ce pour autant la solution?
Repeindre les villes: une vraie bonne idée?
L’utilisation de ce type de peintures paraît, à priori, une solution pour lutter contre l’augmentation des températures dans les centres urbains. Pour autant, ce n’est pas si simple ! Si leur application fait baisser la température et que couvrir quelques pourcents de la planète suffirait à avoir un effet, il n’est pas souhaitable de généraliser ce procédé.
En effet, la conception en grande quantité de cette peinture pose la question d’une pollution accrue et de la menace sur la biodiversité. Tout d’abord, la conception de ces peintures « miracles » n’est pas indolore. De nombreuses molécules chimiques sont utilisées pour leur fabrication. L’application de ces peintures à grande échelle serait très certainement responsable de nombreuses pollutions au niveau des sols, de l’eau, etc. Encore une fois, le changement climatique et la hausse des températures ne sont pas nos seuls problèmes. La pollution, l’extraction de ressources naturelles finies en sont bien d’autres, tout aussi graves et impactants. À quoi servirait-il de résoudre le problème de la température si c’est pour en créer d’autres ? À quoi bon résoudre le problème de la chaleur pour mourir ensuite de l’ingestion de molécules chimiques répandues dans la nature ? Il me semble qu’il y en a déjà bien trop, à quoi bon en ajouter davantage ?
Enfin, quel sera l’impact sur la biodiversité ? Quelles perturbations sur les populations d’oiseaux ou d’insectes ? Quelle sera la capacité d’adaptation des végétaux face à cette réflexion de la lumière solaire décuplée ?
Cette baisse supposée de la température dans les villes aura aussi des incidences fortes sur les milieux environnants. Qu’en est-il également de cette réflexion des rayons vers l’espace sur l’effet de serre ?
On le voit, ce n’est pas si simple. Une idée qui paraît alléchante mais qui ne peut être généralisée sans conséquences négatives sur l’environnement et la santé humaine.