L’écologie punitive est bien souvent un épouvantail politique et économique qui relève de la rhétorique facile et du non-sens.
Ce concept suggère que les mesures environnementales nuisent à l’économie et aux libertés individuelles. Pour autant, l’application de la grande majorité de ces mesures est indispensable après 50 ans d’inaction.
Une rhétorique facile
Les forces politiques utilisent facilement le terme « écologie punitive » pour éviter les débats sur les enjeux climatiques. Elles préfèrent maintenir le statu quo, favorisant les intérêts à court terme. Les acteurs économiques, quant à eux, craignent les coûts initiaux des transitions écologiques. Ils oublient les bénéfices futurs : innovations, emplois verts et résilience économique. Ils oublient surtout que ne rien faire maintenant aboutira à des investissements bien plus conséquents dans le futur, et ce, sous la contrainte impérative !
L’écologie punitive est un leurre. Elle détourne l’attention des vrais défis environnementaux. Or, des politiques environnementales bien conçues peuvent stimuler l’économie et améliorer la qualité de vie. Elles permettent aussi de proposer un projet de société bien plus enthousiasmant que la poursuite des échecs actuels.
L’écologie n’est pas punitive. Elle est juste essentielle à notre survie. La transition écologique est une opportunité, pas une menace.
L’expression « écologie punitive » suggère une contrainte injuste imposée aux citoyens mais ne sert en réalité qu’à caricaturer et occulter le débat. Qu’on le veuille ou non, la transition écologique va s’imposer à nous et nécessiter des efforts collectifs. L’inaction, plus que l’écologie, engendre les véritables injustices. La rhétorique politique doit donc être plus honnête pour encourager une transition efficace et équitable, pas uniquement dans le domaine énergétique.
Un non sens
J’adore cette phrase d’un homme politique français qui dit : « L’écologie, oui, mais l’écologie punitive, non« . Ou encore ce sénateur qui, pour faire plaisir aux agriculteurs en colère, déclare : « Faites taire tous ces soldats verts de l’écologie punitive ». Facile.
Ils s’y mettent tous. Chacun y va de sa petite phrase dans laquelle on glisse cette idée que l’écologie n’est que punitive. Et là, tout est permis: stopper la discussion ou dénigrer des mesures utiles.
Alors oui, je comprends les agriculteurs qui sont soumis à des normes françaises et européennes qui sont handicapantes. Je comprends l’automobiliste qui est gêné par la mise en place contraignante d’une ZFE. Pourtant l’existence d’une réglementation écologique, dans ces 2 domaines notamment, n’est en rien punitive.
C’est même l’inverse : ces réglementations sont salvatrices pour l’un et l’autre. Le premier se tire une balle dans le pied en poursuivant un modèle agricole destructeur. D’ailleurs, autant le dire, la grande majorité des agriculteurs ne cherche qu’une chose : préserver la nature, leur « outil » de travail. Pourtant, l’inertie du système et les intérêts économiques immédiats font que, sans contrainte, ce modèle ira à l’effondrement.
Le deuxième continue à s’empoisonner, à empoisonner ses enfants en laissant des véhicules trop polluants circuler en ville. Là aussi, je le comprends, car le véhicule électrique n’est pas indolore, ni pour lui ni pour le vivant. D’autant que ce véhicule reste encore trop cher !
Un manque de courage
Nos politiques manquent de courage. Pour être honnête, toute réglementation est contraignante. La vitesse sur la route est limitée. Le fait de traverser une route est aussi réglementé pour un piéton. Le paiement des impôts l’est également. La succession est taxée et encadrée.
Le discours qui consiste à dire que l’écologie doit être mise de côté parce qu’elle est contraignante ou punitive révèle surtout un manque de courage de nos politiques. Il marque aussi la défense d’intérêts particuliers et immédiats, principalement financiers.
Le sénateur en question devrait expliquer aux producteurs de tomates que ce n’est pas l’écologie qui est responsable de leur désarroi. Bien au contraire, c’est la volonté de vendre du blé au Maroc qui entraîne des importations massives de tomates cerises en France. Il devrait dire que la plantation de haies n’est en rien une punition, mais bien une tentative de restauration de la biodiversité, indispensable à l’agriculture. Que des aménagements soient nécessaires, sans doute. Que ce soit une punition, certainement pas.
Le politique devrait défendre la ZFE plutôt que de l’utiliser comme un épouvantail. Il devrait expliquer que, dans les 20 ou 30 ans à venir, le véhicule thermique doit disparaître. Non pour punir l’automobiliste, mais bien pour sauver un monde en danger face au dérèglement climatique. Alors oui, c’est une contrainte. Oui, elle est indispensable. Oui, elle doit être accompagnée de solutions alternatives. Non, elle n’est pas que punitive.
Bref, rien de plus énervant que d’entendre parler « d’écologie punitive » sans raison. C’est surtout une communication qui permet d’éviter de traiter les enjeux écologiques de manière concrète. Or, encore une fois, rappelons-le : les écologistes et les scientifiques alertent depuis plus de 50 ans.
Inévitablement, à force de laisser faire, à force de repousser les mesures à plus tard, celles-ci doivent s’appliquer avec plus de contraintes à mesure que le temps passe. Alors, ayons le courage de dire que nous allons tous devoir changer, collectivement et individuellement, qu’on le veuille ou non…