La destruction des forêts primaires a atteint des niveaux alarmants en 2022, dépassant les chiffres de l’année précédente.
2023 n’a semble-t-il guère changé la situation. Certains organismes comme l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture suggèrent parfois une baisse du rythme de cette déforestation au niveau mondial. Difficile de s’y retrouver!
Dans tous les cas, la destruction méthodique de ces forêts primaires reste inquiétante. Elle soulève de sérieux problèmes pour la biodiversité mondiale ainsi que pour le climat. Les données récentes fournies par différentes sources, dont le Global Forest Watch, révèlent une hausse significative de la déforestation. On remarque aussi la dégradation de ces forêts dans de nombreuses régions du monde. On continue malheureusement à détruire ces puits de carbone et réserves de biodiversité.
De nombreuses régions du monde sont touchées, notamment le Brésil, la R.D.C. en Afrique, le Ghana, l’Indonésie ou la Bolivie. Les forêts de ces pays sont les plus grandes forêts du monde à l’heure actuelle.
Forêts primaires: définition
Une forêt primaire est un écosystème préservé, n’ayant subi aucune altération due à l’activité humaine. Elle a vieilli sans que sa biodiversité ne soit affectée par des interventions anthropiques. Si de telles interactions ont eu lieu par le passé, la forêt a bénéficié d’un laps de temps suffisant pour retrouver son état d’origine.
Aujourd’hui, ces forêts couvrent un peu moins de 30 % de la surface forestière mondiale et se situent principalement au Brésil, au Canada et en Russie.
En France, les dernières forêts primaires se trouvent en Guyane, où la quasi-totalité des forêts est primaire. Toutefois, même cet écosystème précieux recule progressivement sous la pression conjointe des exploitations forestière et minière.
Rappelons qu’il faut environ sept cents ans pour qu’une forêt atteigne son plein développement en milieu tropical. En zone tempérée, comme en France, ce processus dure près d’un millénaire.
Un bilan inquiétant
D’après le rapport publié fin juin 2023 par l’ONG Global Forest Watch, la Terre a perdu l’équivalent d’un terrain de football de forêt tropicale toutes les cinq secondes, principalement en raison de la déforestation continue de l’Amazonie au Brésil. Cette année-là, environ 4 millions d’hectares de forêts tropicales primaires ont disparu. Le Brésil, dirigé par Jair Bolsonaro en 2022, a été responsable de plus de 40 % de ces pertes, suivi par la République démocratique du Congo (13 %) et la Bolivie (9 %).
Malgré les engagements mondiaux visant à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, la perte de forêts tropicales a été plus importante en 2022 qu’en 2021. Le rapport de GFW souligne l’importance des forêts primaires, qui jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en absorbant de grandes quantités de dioxyde de carbone.
En 2022, la dégradation des forêts tropicales a entraîné le rejet d’environ 2,7 milliards de tonnes de CO₂ dans l’atmosphère, soit l’équivalent des émissions annuelles d’origine fossile de l’Inde, selon le rapport. Cette année figure parmi les quatre plus dévastatrices pour les forêts primaires au cours des deux dernières décennies.
Pourtant, cette augmentation de la perte de forêts est survenue dès la première année suivant l’engagement de 145 pays dans la Déclaration des dirigeants de Glasgow. Ce document visait à stopper et inverser la déforestation d’ici la fin de la décennie. Cependant, au lieu d’une diminution progressive, la tendance évolue dans la mauvaise direction.
Des zones dévastées
Au Brésil, la perte de forêts primaires a augmenté de 15 % entre 2021 et 2022, la grande majorité de cette destruction ayant eu lieu en Amazonie. Les pertes non liées aux incendies ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2005 dans la région amazonienne brésilienne. Durant la dernière année du mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation s’est accélérée de manière alarmante.
L’élection de Lula en début d’année 2023 redonne un espoir. Lors de son premier mandat, au début des années 2000, la déforestation s’est considérablement ralentie.
Aussi, le taux de déforestation a diminué et les pertes forestières ont chuté de plus d’un tiers depuis son retour récent.
Le taux de perte de forêt primaire en RDC reste alarmant. En 2022, le pays a perdu plus d’un demi-million d’hectares de forêts primaires. Cette tendance continue d’augmenter légèrement ces dernières années. Les principaux facteurs de déforestation en RDC et dans les pays voisins sont connus. Il s’agit de l’agriculture à petite échelle et de la production de charbon de bois, la principale source d’énergie de la région. Les communautés locales dépendent fortement des forêts pour leur alimentation et leurs besoins énergétiques. Le gouvernement prévoit de lever prochainement son moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions d’exploitation forestière. Une décision qui ne laisse rien présager de bon pour l’avenir des forêts congolaises.
De même, d’importantes destructions ont été constatées au Ghana, en Bolivie, en Indonésie et dans d’autres régions tropicales.
Bref, rien de bien encourageant. Malgré les engagements, les déclarations et les promesses, la destruction des forêts primaires ne cesse de s’aggraver.
Derrière les discours, les chiffres révèlent une vérité terrible : la déforestation se poursuit à un rythme effréné. Les avertissements des scientifiques se multiplient, tandis que les conséquences sur la biodiversité et les écosystèmes sont de plus en plus visibles. Pourtant, les actions concrètes pour protéger les forêts et lutter contre la déforestation restent largement insuffisantes.