La pollution liée à l’usage irréfléchie du plastique représente de réels dangers pour l’espèce humaine et son environnement. Rien de neuf!
Chaque année, nous produisons 460 millions de tonnes de plastique. 81 % finissent comme déchets. Parmi ces déchets, nous n’en recyclons que 10% environ. Plus de 20 % se retrouvent dans la nature, aussi bien sur terre que dans les océans. Si rien ne change, la production de plastique triplera d’ici 2060.
2040: fin de la pollution plastique?
L’Assemblée des Nations Unies a donc adopté une résolution en faveur d’un traité mondial contre la pollution plastique. L’objectif était d’établir, d’ici 2024, un cadre juridique contraignant pour encadrer la production de plastique.
À cette fin, cinq sessions de travail ont été programmées, la première s’étant tenue en Uruguay en novembre 2022. La dernière, à Busan, a eu lieu en Corée du Sud, du 25 novembre au 1er décembre 2024.
En préambule, les pays qui se prétendent les plus ambitieux ont établi un objectif : mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040. Cette initiative prenait en compte l’ensemble du cycle de vie du plastique, tout en prônant une réduction de son usage et de sa production. Malheureusement, comme c’était à redouter, la cinquième session de négociations à Busan ne s’est pas conclue par un accord final. Les pays participants se voient donc contraints d’envisager la poursuite des discussions en 2025… Pourtant, à bien y regarder, cela fait plus de 50 ans que nous savons tous cela. Nous savons que cet excès de production est un problème crucial et peut-être même mortel pour l’ensemble de l’humanité.
1973: LES PREMIERES ALERTES
Les troisièmes négociations sur cet hypothétique futur traité mondial se sont tenues à Paris. Le président français a appelé à mettre un terme à un modèle de production et de consommation du plastique mondialisé et insoutenable. Il a mis en garde contre une augmentation considérable des déchets plastiques si aucune mesure n’est prise. Il a qualifié la pollution plastique de bombe à retardement et de fléau actuel. Le chef de l’État a demandé des actions, avec comme objectif d’accomplissement l’année 2040.
A priori, rien de plus louable que de jouer le lanceur d’alerte même si c’est pour mettre en avant une évidence. Rien de plus facile aussi quand on sait que cela fait plus d’un demi siècle que les scientifiques alertent sur les dangers de cette pollution plastique. Un document INA intitulé « 1973 : Plastiques, les dangers des déchets pour l’an 2000 » permet de comprendre à quel point on ne veut rien faire ni changer malgré les discours mis en avant.
Même chose dans les années 90, avec ce deuxième document dans lequel le constat est clair et net. Si rien ne change, nous courrons à la catastrophe. Tant d’un point de vue environnemental que de la santé. Depuis son apparition au début du vingtième siècle, la production de plastique a connu une augmentation fulgurante. Celle-ci est passée de 2 millions de tonnes par an en 1950 à 460 millions de tonnes en 2020.
Au total, entre 1950 et 2024, les humains ont produit environ 10 milliards de tonnes de plastique, dont près de 7 milliards de tonnes sont déjà des déchets. Ce chiffre s’explique en partie par le fait que jusqu’à 50 % des plastiques fabriqués chaque année sont destinés à un usage unique. On estime qu’entre 5 et 13 millions de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année dans les océans. Cela représente environ 1 % à 4 % de la production mondiale. Depuis 1980, cela aurait conduit à l’accumulation de plus de 150 millions de tonnes de plastique dans les écosystèmes marins.
Cinquante ans sans réelle avancée
C’est le bilan des politiques menées, qu’elles soient de gauche, de droite ou du centre. Redécouvrir chaque année des faits établis depuis un demi-siècle frôle l’absurde. Pourtant, il est impératif d’agir sur la consommation. L’instauration de taxes permettrait d’augmenter artificiellement le prix des produits contenant du plastique, constituant ainsi une solution efficace pour réduire cette pollution et ses dangers. Les fonds récoltés serviraient à financer la recherche pour développer des alternatives plus durables et moins polluantes. Avec ces fonds, on pourrait réorienter les filières de production.
Néanmoins, une telle mesure bouleverserait de nombreux secteurs économiques, ce qui explique sans doute pourquoi un changement radical tarde à voir le jour.
Quant au recyclage, qu’on met souvent en avant, bien qu’il demeure une option à encourager, il ne doit en aucun cas être considéré comme la solution principale. S’appuyer uniquement sur ce traitement des déchets reviendrait à éluder les réformes nécessaires pour limiter la production et la consommation dès l’origine. Enfin, en tant que consommateurs, nous avons aussi un rôle à jouer. Il nous revient de modifier nos habitudes afin de réduire au maximum notre usage du plastique, en espérant forcer ainsi les politiques et industriels à prendre le sujet à bras le corps et à réorienter les filières de production.